Café vie privée à Nantes le 1er Octobre 2016
dimanche 25 septembre 2016
Samedi 1er Octobre prochain, FAImaison organise un Café vie privée à Nantes à la Cantine numérique.
Plus d'information ici.
dimanche 25 septembre 2016
Samedi 1er Octobre prochain, FAImaison organise un Café vie privée à Nantes à la Cantine numérique.
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lundi 25 avril 2016
Dans le cadre du festival Entre ciel et terre, le cinéma Le Cep de Vallet organise une projection du film documentaire Les nouveaux loups du web jeudi 28 avril, à 20h30.
Ce film s'intéresse aux conditions d'utilisation des sites web ; Vous savez, cette case que l'on coche la plupart du temps sans lire ce que vont devenir nos données personnelles une fois en ligne.
À cette occasion, l'association FAImaison est invitée pour participer à un échange après la projection, en compagnie également de Robert Chalumeau, expert en réseaux sociaux.
N'hésitez pas à faire le déplacement pour venir voir le film et échanger autour de la question des données personnelles sur Internet.
jeudi 28 janvier 2016
Ça bouge chez FAImaison ! L'association s'installe dans une salle serveur à Rezé, chez l'opérateur et hébergeur nantais Host.
Outre les services que cela ouvre aux adhérents, cette démarche participe aux objectifs portés par l'association d'un réseau décentralisé et d'une infrastructure locale et maîtrisée.
Enfin, cette installation Do-It-Yourself est l'occasion pour nombre d'entre nous d'en apprendre davantage concernant le matériel, les différents logiciels et protocoles utilisés ou encore le marché des télécoms.
→ L'installation en images.
C'est une salle serveur, avec une alimentation électrique redondée et un accès sécurisé1. Plusieurs opérateurs y sont présents2, cela permet à FAImaison d'héberger ses machines ainsi que celles de ses adhérents et de les raccorder à internet (100Mbps, en envoi comme en réception).
FAImaison loue un quart de baie3, soit 10 emplacements rackables (on parle de « 10 U »).
Entendons nous bien, un quart de baie, c'est un petit placard assez moche avec de l'électricité et du réseau.
FAImaison a besoin d'attribuer des adresses IP publiques aux machines et services hébergées dans ce quart de baie. Notre LIR, la coopérative OpDop, a effectué les démarches administratives pour nous réserver un bloc de 255 adresses IPv4 et 5x10²⁷ adresses IPv6.
FAImaison devient par le même coup un des réseaux qui composent internet appelés systèmes autonomes ; cela nous donne la latitude de nous interconnecter avec différents transitaires et de réaliser des interconnexions directes (peerings) avec certains opérateurs « à portée de câble ».
→ Plus d'infos sur les interconnexions entres opérateurs IP (wiki Rhizome)
Le but est de fournir différents services aux adhérent-e-s. Certains sont déjà opérationnels et peuvent être souscrits dès maintenant :
D'autres services sont en cours de préparation par l'équipe adminsys de choc ;-)
Ces services sont proposés à prix libre. Rendez-vous sur la page services pour plus d'informations.
Nous avons également l'honneur d'accueillir les machines de l'association Goleaks. D'ailleurs, c'est le moment de les aider ; à vot'bon cœur !
(par ordre aléatoire)
Dans une optique de résilience et de décentralisation, FAImaison souhaiterait s'interconnecter (peering) localement avec d'autres opérateurs réseau, et disposer de plusieurs transitaires, notamment pour pouvoir communiquer en IPv6.
Cela pourrait se faire au travers du jeune point d'échange local OuestIX.
Cette infrastructure en propre répond également à un besoin pour les chantiers d'accès internet en wifi de Cholet, Nantes Bottière, Chéméré, et Nantes St-Félix. Il est également envisagé de faire un départ radio depuis le datacenter lui-même.
Ce début d'infrastructure est un outil pour les envies et besoins des adhérents , actuels et à venir, n'hésitez pas à nous rejoindre !
L'entrée est protégée par badge et code, et le quart de baie lui-même nécessite une clef pour être ouverte. ↩
Lorsque plusieurs opérateurs sont présents dans une salle, et ouverts à l'interconnexion, on parle même de POP ↩
L'espace d'un datacenter est découpé en baies, chaque baie pouvant contenir 42 machines d'un format spécial (dit "rackable"). Un quart de baie occupe un quart de la hateur d'une baie et est protégé par ses propres serrures. ↩
lundi 2 novembre 2015
Ce mercredi (4 novembre 2015), à 19h au bar Livresse se déroulera un Quadr'Apéro pour le lancement de la campagne 2015 de soutien à La Quadrature du Net.
D'autres Quadr'Apéro auront lieu simultanement dans d'autre villes de France.
Un Quadr'Apéro c'est un moment privilégié pour échanger sur différents thèmes
et sur les actions de La Quadrature du net.
Que vous connaissiez l'association, que vous souhaitiez la découvrir, vous
êtes les bienvenus.
Voici les thèmes qui seront abordés, entre autres :
Pour les curieux·ses, il devrait y avoir quelques partageBox sur place, amenez vos disques durs et vos laptops.
Pour plus d'informations, vous pouvez consulter le wiki de la Quadrature du Net
Le bar Livresse se trouve au 9 de la rue de l'hôtel de ville à Nantes :
dimanche 27 septembre 2015
Dans la ville de Chéméré, entre Nantes et Pornic se déroule les 26 et 27 septembre l'Opération libre. C'est une initiative visant à publier sous licence libre diverses données sur la commune : contributions cartographiques sur OpenStreetMap, données issues des conseils municipaux, numérisation de photographies et cartes postales anciennes, prise de photographies aériennes par drone, etc. Le but ultime est d'encourager l'appropriation et la participation à la vie de la commune.
FAImaison y prend part en installant un accès à internet à haut débit sur les lieux de l'évènement. L'association montre ainsi qu'une approche participative est possible pour créer un accès à internet permettant les pratiques modernes, sans être soumis au bon vouloir des opérateurs majoritaires. Par la même occasion, FAImaison apporte à la commune un débit dont celle-ci n'a jusqu'ici jamais profité.
Plus de cinquante personnes se regroupent pendant ce weekend durant lequel une bonne proportion des présents utilise simultanément le réseau.
De plus, l'objectif de l'évènement est la production et la mise en ligne de données libres, ce qui indique déjà à quel point un débit correct est essentiel. Certaines données sont en outre demandeuses de bande passante pour être transférées dans un temps raisonnable, comme de nombreuses photographies en haute qualité prises dans la ville.
Le bon déroulement de l'évènement dépend donc du débit disponible, à la fois montant comme descendant. Celui-ci est essentiel au partage et à la publication des contributions.
Chéméré bénéficie de connectivité ADSL à un débit moyen. Un test d'éligibilité donne en effet un débit théorique descendant maximal d'environ 9 Mb/s à la mairie. Un test effectif de bande passante au restaurant où se déroulent les ateliers d'Opération libre ne donne que 3 Mb/s.
Ces chiffres s'expliquent par le fait que les lignes téléphoniques de la commune sont reliées à un nœud de raccordement (NRA) situé à plusieurs kilomètres de là, dans la ville voisine d'Arthon-en-Retz.
En outre, l'ADSL ne permet pas de dépasser 1 Mb/s en débit montant.
La situation est donc précaire et handicapante pour le déroulement de l'Opération libre : lors de la préparation de l'évènement, il a vite été question de chercher à faire mieux.
FAImaison a mis en place un accès à internet à un débit symétrique d'environ 30 Mb/s grâce à une liaison sans fil de 13 km entre le clocher de l'église de Chéméré et le toit de l'opérateur Alphalink situé à Pornic.
Localement, les lieux de l'Opération libre ont été desservis avec ce lien : le restaurant « Le relai de Chéméré » où se déroule la plupart des ateliers thématiques, la mairie où travaille l'équipe Wikimedia et enfin le théâtre où se situent les restitutions communes de fin de journée.
Au final, les participants à Opération libre se partagent un accès plus approprié aux nécessités de l'évènement, quel que soit le lieu depuis lequel ils travaillent. Ces débits rendent possible un transfert rapide de tous types de contenus, notamment grâce à l'amélioration du débit montant particulièrement en phase avec la nature contributive de l'évènement.
Fournir du haut débit revient à résoudre un problème : où trouver un point bien desservi et comment étendre cette desserte jusqu'au point voulu ? S'il est simple à formuler, il peut être complexe à résoudre.
Voici un petit topo des étapes de la réalisation de cette desserte.
Connaissant le potentiel des technologies sans fil et leur faible coût, la réflexion s'est rapidement attelée à trouver un point bien desservi depuis lequel une ligne de vue directe existe avec un point central de Chéméré. Ces technologies exigent en effet qu'aucun obstacle conséquent ne soit présent entre deux antennes.
Comme il est plus facile de réaliser des liaisons hertziennes courtes, l'idée immédiate consistait à trouver une ligne ADSL ou VDSL2 proche du NRA d'Arthon-en-Retz, commune limitrophe de Chéméré. Dans le cas parfait, une ligne VDSL2 à proximité immédiate du NRA permet un débit descendant de 92 Mb/s et un débit montant de 36 Mb/s (chiffres annoncés par OVH). Ces chiffres décroissent cependant rapidement en s'éloignant du NRA et sont rarement atteignables en pratique. Réaliser une ouverture de ligne xDSL uniquement l'espace du weekend n'étant pas souhaité, il était nécessaire de trouver le contact de personnes vivant suffisamment à proximité du NRA et désireuses de mettre à disposition leur connexion pour le weekend.
Cette piste n'a pas été formellement éliminée, mais l'absence de contacts répondant à ces critères l'a de facto mise en suspend, laissant la place à d'autres idées.
Une autre piste a été explorée, basée sur la présence d'Alphalink à Pornic et le constat que la distance de 13 km les séparant de Chéméré est franchissable par une liaison sans fil.
Bonne surprise, le profil altimétrique sur ce tracé montre un relief favorable, c'est-à-dire deux extremités surélevées sans obstacle majeur les séparant :
Après un accord de principe d'Alphalink pour nous laisser utiliser leur connexion à 40 Mb/s symétriques pendant le weekend, il fallait approfondir l'étude de faisabilité technique côté Chéméré.
Un premier relevé de bâtiments et zones a priori intéressants de par leur situation et leur hauteur a été effectué, en les collectant de façon peu restrictive, d'abord en regardant simplement une carte comportant des indications d'altitude puis en allant sur place observer les points présélectionnés.
Être imaginatif et peu restrictif était important : si quelques points hauts pourraient être parfaits, des contraintes humaines ou règlementaires peuvent les rendre inaccessibles.
C'est ainsi que le sud-ouest de Chéméré, légèrement surélevé, a semblé à première vue être une zone intéressante, au vu des courbes de niveau :
Enfin, outre l'évident clocher de l'église, des bâtiments tels que la salle municipale ou le théâtre pouvaient être envisageables moyennant le placement d'un mât.
Finalement, l'équipe municipale a organisé une visite du clocher en vue d'une éventuelle installation d'antenne, et il s'est avéré évident qu'un apport électrique en haut de celui-ci était aisé et que la vue semblait bien dégagée dans la direction souhaitée :
Il y avait malgré tout quelques difficultés en perspective : l'espace très restreint dans le clocher rendant difficile et acrobatique la circulation en son sein, et les abattants en bois bouchant en grande partie les ouvertures vers l'extérieur. Toutefois, ne pouvant espérer une vue extérieure aussi dégagée dans un autre lieu, c'est bien sur l'église que le dévolu a été jeté.
Le choix du matériel est important pour une liaison stable au débit correct. En se basant sur l'expérience et les conseils d'autres associations de la Fédération FDN, le choix s'est porté vers du matériel de marque Ubiquiti, en choisissant une paire d'antennes AirGrid d'une part pour le lien entre Pornic et Chéméré et un ensemble d'autres antennes NanoStation, plus petites, pour les liaisons de courte distance depuis l'église vers la mairie, le théâtre et le restaurant.
À noter que le toit d'Alphalink, à la fois en hauteur et sur la côte, a aussi influencé le choix vers des antennes à faible prise au vent au détriment d'antennes potentiellement plus puissantes mais à plus forte prise au vent.
Si les photographies et le profil altimétrique étaient encourageants, déterminer si le lien allait être fonctionnel ne pouvait être fait qu'avec un test réel.
L'antenne d'Alphalink ayant été fixée par leurs soins et pointée vers Chéméré, il était temps de pointer celle du clocher dans leur direction pour voir si elles recevaient le signal l'une de l'autre. Il était toutefois exclu de commencer de quelconques travaux de fixation dans le clocher avant d'avoir un niveau de certitude suffisant que le lien allait fonctionner.
À califourchon sur l'axe de la plus haute cloche, en orientant approximativement l'antenne à la main, il a été possible d'obtenir un signal de très faible puissance. Résultat à la fois encourageant et un peu décevant : encourageant car cela semblait confirmer l'absence d'obstacle rédhibitoire sur le trajet du faisceau, mais décevant car un signal si faible ne permet pas d'atteindre un débit satisfaisant.
Pour aller un peu plus loin avant de se décider à fixer l'antenne, quelques abattants en bois ont été démontés pour tester à nouveau avec moins d'obstacles. Une amélioration du signal a été constatée immédiatement, montrant que de petites modifications peuvent avoir un impact significatif. Ceci a incité à effectivement fixer l'antenne pour régler d'autres détails permettant d'améliorer encore la qualité de la liaison : ajustement plus précis de l'orientation et sortie de l'antenne du clocher pour éviter complètement les bords du mur du clocher.
Fixer l'antenne au clocher a été, de loin, la partie la plus complexe et la plus acrobatique. Sans accroche possible dans la pierre sur le mur extérieur, il fallait fixer un axe horizontal à l'intérieur et accrocher l'antenne à son extrémité, à l'extérieur. Deux points d'attache pour l'axe paraissaient envisageables : la structure métalique tenant les cloches ou la charpente en bois du clocher.
La structure métalique est épaisse, difficile à percer et susceptible de vibrer lorsque les cloches sonnent. Le bois de la panne faîtière a donc été privilégié, d'autant plus que l'extrémité de celle-ci se situe juste au-dessus de l'ouverture la mieux orientée dans le clocher, permettant un placement de l'antenne à la plus haute position possible.
L'ouverture dans le clocher étant trop étroite pour faire sortir l'ensemble axe-antenne, il a fallu d'abord fixer et sortir l'axe puis placer l'antenne à son extrémité, à bout de bras. C'était l'étape la plus difficile physiquement tout en nécessitant une grande attention pour que l'antenne ne tombe pas du haut du clocher. Les tentatives pour agrandir l'ouverture en enlevant des abattants ont été infructueuses, ceux-ci résistant au maillet comme au pied-de-biche.
Une fois l'antenne fixée solidement, il était possible de la faire pivoter progressivement horizontalement et verticalement tout en étant en contact téléphonique avec Pornic et en suivant l'évolution des indicateurs de qualité de signal afin de trouver la meilleure orientation.
Le lien a été jugé satisfaisant à un niveau de signal d'environ -68dBm et des tests de débit sur le lien atteignant au maximum 40 Mb/s.
La connectivité parvenant en premier lieu au clocher de l'église, les autres lieux ont été desservis avec des liaisons sans fil de courte portée depuis le clocher. La mairie comme le théâtre se situent chacun à quelques dizaines de mètres de l'église. Concernant le restaurant, un saut intermédiaire par le toit de l'entreprise Aqua Production a été réalisé.
Un commutateur réseau a été placé dans le clocher, reliant par câble l'ensemble des antennes y étant situées : l'antenne AirGrid vers Pornic et les NanoStation vers la mairie, le théâtre et Aqua Production.
Le toit d'Aqua Production a été équipé d'une paire d'antennes pour relayer le signal vers le restaurant : un court mât fiché dans un emplacement présent sur le toit a été suffisant, et de longs câbles pour alimenter les antennes.
Au restaurant la dernière antenne a été fixée à un pied de tabouret avec du ruban adhésif.
Des points d'accès sans fil classiques ont finalement été placé dans chaque lieu. Le restaurant a aussi été équipé de commutateurs pour l'accès filaire de machines fixes mises à disposition par l'association Naga.
En amont, une étape de configuration de toutes les antennes a été nécessaire, sans difficulté technique majeure mais longue du fait de la répétitivité de la tâche : attribuer à chacune une adresse IP différente et paramétrer la configuration sans fil.
L'ensemble des antennes est revenu à environ 500€. Quelques câbles et éléments de fixation ont également été achetés pour environ 150€. Les déplacements les jours précédant l'évènement ont engendré des frais estimés à environ 100€.
Plus difficile à comptabiliser, beaucoup de matériel a été prêté par de nombreuses personnes pour l'évènement : câbles, rallonges, outils, etc.
Au total, la mise en place d'un lien à environ 30 Mb/s à Chéméré a été possible pour un coût avoisinnant 1000€. Si c'est une somme non négligeable pour un particulier, cela est très abordable à l'échelle d'une commune ou d'un collectif et peut inciter des communes attendant l'arrivée du haut débit depuis longtemps à s'intéresser à ce type de solutions, d'autant plus qu'elles sont rapides à mettre en place et non destructrices pour la voirie.
Le temps bénévole passé sur ce projet est conséquent : au moins deux membres de FAImaison ont été présents quatre à cinq heures par jour pendant les cinq jours précédant Opération libre. Le jour de la fixation dans le clocher, quatre bénévoles étaient présents toute la journée. Quelques réunions et visites de reconnaissance avaient aussi été effectuées avant cela.
Parvenir à une telle mise en place à un coût si faible est impossible sans de nombreuses bonnes volontés aptes à collaborer de façon fluide et efficace.
L'accord de principe fourni très tôt par Alphalink a été le déclencheur permettant de lancer l'initiative. Par la suite, les quelques personnes de l'entreprise motivées par le projet ont montré enthousiasme, réactivité et compétence : elles ont rapidement étudié la faisabilité du lien, conçu un dispositif de fixation et finalement assuré l'attribution d'adresses IP et le routage du trafic de et vers internet.
La commune de Chéméré et ses services techniques ont été des facilitateurs indispensables. Ils ont accordé une grande confiance à FAImaison en laissant les membres accéder librement au clocher de l'église pendant plusieurs jours et y faire des travaux. Ils ont aussi fourni aide et outils et ont aidé à établir le contact avec Aqua Production pour l'utilisation leur toit. Ici aussi, cette dernière a immédiatement donné son accord.
Un élu chéméréen travaillant au magasin Espace émeraude de Saint-Hilaire-de-Chaléons, ce dernier nous a permis de tester différents équipements de fixation dans le clocher et de ne conserver et payer que ceux effectivement utilisés.
Enfin, l'association organisatrice LiberTIC a permis les mises en relation initales, et les nombreux bénévoles participants ont fourni du matériel aidant à la finalisation des points d'accès dans les lieux desservis.
Globalement, l'attitude exceptionnellement constructive et enjouée de toutes les parties a été un facteur essentiel de réussite du projet et a engendré un travail collaboratif enthousiasmant et enrichissant. Cela montre également à quel point le réseau humain est un préalable essentiel à la création participative d'un réseau technique.
Après l'évènement, la question de la pérennisation de la desserte se pose, Chéméré n'ayant jusqu'ici jamais bénéficié d'un tel débit. La liaison étant fonctionnelle et testée, il existe de fait une opportunité d'en faire profiter à plus long terme des habitants de la commune dans des délais réduits.
En parallèle, Chéméré bénéficiera d'ici quelques mois du plan de montée en débit du Conseil départemental. Outre le fait que certains habitants peuvent apprécier d'être acteurs et maîtres de leur accès à internet via l'approche participative et militante de FAImaison, les deux solutions techniques doivent être vues comme complémentaires pour une bonne desserte du territoire.
Poursuivre dans cette direction nécessite la poursuite du travail collaboratif entre Chéméré, FAImaison et Alphalink, et des discussions et réflexions auront lieu dans les semaines qui viennent.
dimanche 13 septembre 2015
Autour de Chemnitz (Est de l'Allemagne), le collectif Freifunk aide les réfugiés syriens en installant des points d'accès à internet à proximité des camps d'accueil et montre ainsi comment adoucir concrètement la précarité de leur situation.
Leur billet à ce sujet est relayé ici en français en guise de coup de pouce, de telles initiatives méritant d'être soutenues ou créées pour que chacun puisse décemment prétendre aux droits les plus basiques. À Chemnitz, Nantes, Calais, Budapest et ailleurs, partager son temps, son argent ou ses compétences peut donner des résultats concrets. En 2014, FAImaison avait invité un bénévole de Freifunk Chemnitz pour une conférence présentant leur collectif.
Faute de ressources, FAImaison n'est pas engagée sur de tels projets dans son périmètre d'action, mais ses membres seront ravis de partager leur savoir et conseiller des personnes souhaitant s'investir. N'hésitez pas à contacter l'association.
Aider Freifunk Chemnitz peut se faire en donnant de l'argent, en envoyant du matériel (FAImaison peut conseiller) ou, pour ceux qui administrent des serveurs, en fournissant des nœuds de sortie au réseau Freifunk.
Billet initialement publié le 8 septembre, traduit de l'allemand par quelques bonnes volontés.
Depuis hier, notre première installation est en ligne et permet de connecter un refuge au réseau sans fil de Freifunk. À ce stade, nous tenons à remercier tous les donateurs qui ont pris en charge le coût de l'installation via notre site BetterPlace en seulement deux jours.
Nous avons installé quelques NanoStations (NDT : petites antennes sans fil) sur le toit d'un bâtiment proche du refuge, qui permettent de relayer la connectivité d'un nœud Freifunk existant. La société propriétaire de l'immeuble nous a accordé rapidement et efficacement la permission.
Un test rapide depuis le refuge nous a confirmé le bon fonctionnement de la connexion. Nous n'avons cependant pas eu l'autorisation d'installer des équipements à l'intérieur du refuge pour couvrir l'intégralité du lieu.
Immédiatement après l'installation, nous avons pris contact avec les réfugiés, et les avons informés de la possibilité de communiquer avec leurs proches : ils ont immédiatement exprimé leur gratitude. Dans le courant de la journée, les NanoStations ont enregistré plus de 500 sessions avec un pic à 30 appareils connectés simultanément.
Nous espérons pouvoir connecter au plus vite d'autres centres de réfugiés, qu'il s'agisse de refuges d'urgence ou bien de centres d'hébergements collectifs. Pour cela, nous avons besoin de davantage de dons pour acheter le matériel nécessaire.
vendredi 19 juin 2015
Un projet de plateforme en ligne pour aider au fuitage anonyme de documents (leaks) et dédiée au « Grand Ouest » a été annoncé le 18 juin lors de Pas sage en Seine à Paris (télécharger le support de présentation, voir la conférence) par Romain Ledroit et William de Coninck. Elle est nommée « GoLeaks ».
Du fait de la surveillance des réseaux, les communications des journalistes avec leurs sources contreviennent souvent à la Charte de Munich, en particulier sur le devoir de protection des sources, consacré par cette charte de déontologie des journalistes. La protection des sources est pourtant indispensable à une information non soumise aux pressions politiques et économiques, et donc aux libertés de penser, d'opinion et d'expression.
Parallèlement, des affaires locales interrogent les citoyens sur la transparence de l'information sur certains sujets d'intérêt public, par exemple sur des dossiers aussi variés et ramifiés que Notre-Dame-des-Landes ou l'évolution du réseau de transports en commun.
Outre les enjeux locaux, l'attente de transparence et la remise en question de la communication officielle sont croissantes d'une façon générale.
Cette initiative vise donc à enrichir le débat public par une meilleure circulation de l'information en mettant en relation lanceurs d'alertes anonymes et journalistes. Elle sera basée sur le logiciel libre Globaleaks, conçu précisément pour cela et déjà employé par PubLeaks aux Pays-Bas et Source sûre en France. Il avait été présenté par Amaelle Guiton lors d'une conférence avec FAImaison et la Maison de l'Europe à Nantes le 10 juin 2014.
À cet outil seront associées des formations en sécurité des communications électroniques auprès des journalistes locaux.
FAImaison n'est pas directement impliquée mais relaie l'annonce de cette initiative. Si celle-ci parvient à son terme et que la sécurité de l'infrastructure mise en place est faite rigoureusement, elle donnera une toute autre dimension à la liberté de l'information localement et contribuera à la sensibilisation sur la sécurité des communications en ligne. Cette initiative mérite donc d'être suivie de près et une attention particulière devra être portée à la sécurisation de l'outil afin de garantir une protection efficace.
Les journalistes intéressés et les personnes compétentes en sécurité informatique souhaitant aider peuvent contacter les initiateurs du projet à l'adresse hello (at) goleaks (point) org (empreinte PGP : 2D37 00A5 1FD5 1059 81C4 5DDC 5C53 B26F 9DE9 2FB0).
samedi 13 juin 2015
L'association FAImaison expérimente à grande échelle (Nantes et environs) la création d'un réseau sans fil à longue portée à des fins de partage et fourniture d'accès à internet.
Pour cela, nous recherchons des volontaires, tant pour partager une partie de leur connexion que pour participer au réseau (accès à internet, partage local…).
Vous pouvez désormais manifester votre amour des réseaux en devenir en renseignant votre logis ou tout autre bâtiment amical et volontaire de votre connaissance sur https://wifi.faimaison.net/.
Ce formulaire en ligne vous permet de préciser de quelle manière vous souhaitez participer au réseau, ainsi que votre emplacement et différentes caractéristiques utiles pour placer des antennes wifi chez vous.
Ce formulaire fonctionne avec le logiciel libre Wifi-with-me, développé par des membres de FAImaison et d'Illyse.
Les graphismes sont d'Anna Nguyen.
Le code source, en python, est accessible sur GitHub.
Les données sont stockées sur une machine virtuelle de l'association hébergée à Paris (TH2) par GIXE.
Une déclaration a été faite à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), avec le numéro d'enregistrement 1819684.
Les données que les utilisateurs acceptent de rendre publiques figurent sur une carte consultable par tous.
Elles sont aussi disponibles au format GeoJSON sous licence libre ODC-BY 1.0 : c'est une modeste contribution en données ouvertes (Open Data) de ce projet, n'hésitez donc pas à les réutiliser pour des projets géniaux.
mercredi 13 mai 2015
Le 5 mai dernier, FAImaison a été invitée par la Maison de l'Europe Le Mans-Sarthe pour animer deux évènements dans le cadre de la Fête de l'Europe :
L'atelier avec les lycéens a duré deux heures et était une première enthousiasmante pour FAImaison ! Un déroulé a été conçu pour l'occasion. Un bénévole du Hacklab au Mans a gentiment aidé pour cet atelier.
La conférence-débat (télécharger ou visualiser en ligne la présentation) a été l'occasion de se remettre à jour sur les dossiers européens ayant un impact d'une part sur l'accès à la culture et à l'information (risques de censure) et d'autre part sur le respect de la vie privée (risques de surveillance). Ces révisions pouvant servir à d'autres, en voici un (long) aperçu !
Un texte législatif ne peut être proposé qu'à l'initiative de la Commission, à l'image du gouvernement proposant des projets de loi à l'Assemblée nationale. Le Parlement européen se saisit ensuite du texte et le modifie par des amendements, d'abord en commissions thématiques puis en session plénière. Le texte est ensuite examiné par le Conseil des ministres de l'Union européenne, éventuellement modifié, puis retourne au Parlement, et ainsi de suite.
À l'issue de ce processus qui peut durer plusieurs années, deux types de textes peuvent être adoptés :
Des accords internationaux (comme TTIP et ACTA) sont négociés par la Commission, accords que le Parlement ne peut que valider ou rejeter intégralement, sans possibilité de les amender.
Ces accords internationaux sont prépondérants sur les textes législatifs européens.
Le droit d'auteur et la propriété intellectuelle ont servi de prétexte, ces dernières années, à criminaliser le partage culturel entre citoyens ainsi qu'à surveiller et censurer internet, à l'image de Hadopi en France et du blocage de The Pirate Bay dans de nombreux pays.
Le rôle des intermédiaires de l'industrie culturelle et les modèles économique et de distribution associés sont remis en question par la massification des échanges et de la création permises par internet. La frontière entre « consommateur » et « créateur » devient de plus en plus floue.
Les enjeux d'une réforme du droit d'auteur incluent donc les points suivants :
Aucun texte n'a encore été proposé par la Commission, mais le Parlement lui a proposé un rapport d'intention à l'initiative de la députée pirate allemande Julia Reda. Il a été jugé très positif par les défenseurs des libertés sur internet, notamment par La Quadrature du Net.
Il n'est pas contraignant pour la Commission mais vise à influencer le texte qu'elle devrait proposer pour l'automne 2015.
Fin 2013, la Commission a proposé un projet de règlement sur le « marché unique des télécommunications », dont un volet concerne la neutralité du réseau.
Le Parlement s'est saisi du texte début 2014 et FAImaison a participé à la campagne Save the Internet pour promouvoir une définition claire et une protection stricte de la neutralité du réseau.
Le Parlement a effectivement adopté des amendements très positifs en session plénière.
Le texte est actuellement au Conseil des ministres, dont les tractations sont opaques pour les citoyens tout en restant accessibles pour certains grands intérêts privés. Il est donc probable que le texte soit dégradé car de nombreux opérateurs commerciaux souhaiteraient pouvoir violer librement la neutralité du réseau afin d'en tirer profit.
Parallèlement, plusieurs pays ont entrepris une démarche visant à garantir la neutralité du réseau. Les Pays-Bas l'ont par exemple actée en 2011, et le débat à ce sujet aux États-Unis semble prendre un tournant positif.
Rappelons que la neutralité du réseau conditionne le plein accès aux droits à l'information, à la libre expression et à la libre pensée. Violer la neutralité est une violation de ces droits.
La Commission a proposé début 2012 un projet de règlement concernant la protection des données personnelles stockées par les fournisseurs de service en ligne.
Parmi les conséquences qu'auront ce futur règlement, figurent :
L'association de défense des droits en Europe European Digital Rights (EDRi) a mis en ligne le site Protect My Data pour expliciter les enjeux et donner leur position.
L'année dernière, le Parlement a adopté une mouture du texte plutôt positive pour la protection des citoyens. Le Conseil des ministres l'a semble-t-il dégradé, et des négociations sont en cours entre des représentants du Parlement, du Conseil des ministres et de la Commission pour atteindre une version que le Parlement pourra accepter ou rejeter dans son intégralité.
Le site de campagne Contrôle tes données donne davantage d'informations sur le texte et ses conséquences potentielles.
L'année dernière, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a invalidé une directive de 2006 qui imposait aux opérateurs de communications (FAI, hébergeurs, ...) de conserver des données de connexion à caractère personnel, faisant d'eux des acteurs de surveillance indiscriminée. La CJUE a jugé ces dispositions nettement trop intrusives et disproportionnées.
En France, ces dispositions sont transposées par la loi relative à la lutte contre le terrorisme de 2006.
Malheureusement, l'invalidation de la directive européenne par la CJUE n'implique pas une invalidation des lois nationales associées. Ces mesures restent donc actives en France et dans d'autres pays européens.
En Slovaquie, la Cour constitutionnelle a récemment invalidé définitivement une loi imposant la conservation de données de connexion. D'autres décisions semblables sont constatées dans d'autres États membres. En France, La Quadrature du Net, French Data Network et la Fédération FDN ont déposé dans le même esprit un recours contre la récente loi de programmation militaire.
Un projet de directive concerne la façon dont sont traitées les données de dossiers passagers lors de voyages aériens. Il a été proposé par la Commission en 2011. Les motifs pour la conservation de ces données sont la lutte contre le terrorisme et la grande criminalité.
Ce sujet ne concerne pas directement internet mais pose d'importants risques pour la vie privée et le droit de se déplacer librement. En particulier, les données concernant nos voyages pourraient se voir transférables sans autorisation judiciaire d'un pays à un autre, ou encore être accessibles par les autorités sans requête judiciaire.
Le texte suit depuis sa publication par la Commission un parcours chaotique au Parlement. En 2013, la commission parlementaire LIBE (Libertés civiles, justice et affaires intérieures) a suggéré son rejet complet. Alors que le Parlement aurait probablement suivi cet avis, les présidents des groupes politiques du Parlement ont interrompu le processus pour demander un ré-examen du texte par les commissions du Parlement.
Le texte est donc à présent de retour dans les commissions du Parlement avec l'ensenble de ses dispositions attentatoires aux libertés.
Les révélations d'Edward Snowden n'ont pas été ignorées par le Parlement. Des auditions ont par exemple été organisées, comme celle de Ladar Levison (fondateur du service de courrier électronique Lavabit qu'avait utilisé Edward Snowden) aux côtés de Jacob Appelbaum (chercheur en sécurité parmi les principaux développeurs de Tor).
Edward Snowden lui-même a été invité à témoigner auprès du Parlement européen dans le cadre d'une enquête menée par ce dernier sur la surveillance de masse.
Les eurodéputés ne sont toutefois pas tous d'accord et ont fait preuve de frilosité, notamment en abandonnant la perspective d'accorder l'asile politique à Edward Snowden en Europe. Parallèlement, ils ne semblent pas tirer d'enseignements forts de cette affaire pour affirmer les droits des citoyens dans des dossiers comme la protection des données ou les données de dossiers de passagers.
Plus récemment, un scandale a éclaté concernant les services de renseignement allemands, la Bundesnachrichtendienst (BND). Cette dernière a obéi à des requêtes d'espionnage émises par la National Security Agency (NSA) américaine visant des entreprises et responsables politiques européens. Ces activités, remettant en cause les souverainetés européenne et allemande, montrent les dangers d'une croissance incontrôlée des activités de surveillance, à l'image de ce que prévoit le projet de loi sur le renseignement en France. Paradoxalement, le parlement allemand mène en ce moment une enquête sur les activités de la NSA en Allemagne, dont WikiLeaks vient de publier les retranscriptions des entretiens des dix derniers mois.
Enfin, EDRi a lancé des cafés vie privée à destination des membres du Parlement pour les sensibiliser et les aider à sécuriser leurs communications.
Le traité transatlantique de libre-échange (abrégé TTIP ou TAFTA) pose un problème spécifique. Négocié entre des fonctionnaires de la Commission et les autorités américaines, son contenu n'est pas encore exactement défini et le public est mal informé des négociations. Une crainte persistante est que son champ d'application soit trop large et aille bien au-delà d'un simple traité de libre-échange.
Il risque d'inclure notamment des dispositions sur :
De succincts documents publiés par la Commission et visant à rassurer le public mentionnent effectivement le droit d'auteur et les brevets ainsi que les technologies de l'information et de la communication (TIC). Ils sont publiés dans le cadre d'une initiative de la Commission censée rendre transparentes ces négociations.
Comme mentionné plus haut, ces deux sujets sont l'objet de projets législatifs européens. La prépondérance de TTIP sur ces textes implique toutefois que ces derniers seraient rendus caduques par TTIP, dont le processus est pourtant moins démocratique. De plus, vu le contenu d'ACTA sur le droit d'auteur et la pression d'entreprises américaines sur le Parlement concernant la protection des données, il est probable que TTIP soit de nature à dégrader la protection des citoyens.
En outre, la mise en place de tribunaux d'arbitrage internationaux prévue permettrait à des entreprises étrangères d'attaquer des États votant des lois protectrices pour les citoyens, à l'instar du comportement de Philip Morris contre les lois anti-tabac partout dans le monde.
Les défenseurs des droits sur internet sont donc dans une expectative méfiante. EDRi a documenté le processus en cours qui aboutira à une opinion non contraignante du Parlement sur le sujet, et a donné sa position.
Au Parlement européen, le groupe écologiste et les eurodéputés français issus du Front national s'y opposent. Le groupe socialiste est divisé, et le groupe PPE (conservateur) y est favorable.
Lors d'un débat entre eurodéputés organisé le 7 mai dernier par la Maison de l'Europe à Nantes et diffusé en direct sur Euradionantes, l'élue socialiste Isabelle Thomas, répondant à une question posée par un membre de FAImaison, a affirmé être opposée au traité.
dimanche 29 mars 2015
Le gouvernement a présenté en Conseil des ministres, le 19 mars, un projet de loi relatif au renseignement. Il sera présenté à la commission des Lois le 1er avril et examiné à l'Assemblée nationale du 13 au 16 avril.
Selon ses principaux promoteurs (le Premier ministre Manuel Valls, le Ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le rapporteur Jean-Jacques Urvoas), ce texte adapte les services de renseignements à l'ère du numérique tout en encadrant mieux leurs pratiques. Il ne permettrait pas la surveillance de masse, et sa mise en œuvre serait principalement justifiée par une menace terroriste devenue « protéiforme ».
FAImaison est directement concernée par ce texte, et l'association estime au contraire qu'il légalise les intrusions arbitraires de l'exécutif et de l'administration dans la vie privée des citoyens, pour des motifs allant bien au-delà du terrorisme, le tout dans une opacité complète.
Le texte légalise diverses intrusions basées sur le numérique : pose de micros dans les domiciles et les véhicules, implantation à distance de logiciels espions dans les téléphones portables ou encore analyse en temps réel du trafic internet.
De telles intrusions pourront viser n'importe quel citoyen sans l'aval de l'autorité judiciaire, pour des motifs allant bien au-delà du terrorisme (article L. 811-3). Par exemple :
D'une part ces définitions sont floues, et d'autre part le fait de décider si une situation se rapporte à l'une d'elles est laissé à l'appréciation arbitraire de l'exécutif.
Si des citoyens critiquent une entreprise française d'une manière dommageable pour sa réputation (et donc pour les intérêts économiques de la France), ils s'exposeront à des intrusions sans même avoir commis d'acte illégal. Ceci pourrait permettre d'étouffer des affaires liées à des pratiques d'entreprises éthiquement condamnables (conditions de travail, environnement, fraude fiscale, ...).
Autre exemple : il suffirait qu'une manifestation prévue soit estimée (arbitrairement, toujours) « à risque » pour l'ordre public pour que ses organisateurs et leurs proches se voient ciblés par cet espionnage.
Pour la prévention du terrorisme, le Premier ministre peut imposer aux fournisseurs d'accès à internet (FAI) la mise en place d'un dispositif de traitement automatisé de données destiné à « révéler une menace terroriste » (article L. 851-4). Concrètement, il s'agit d'une machine scrutant et analysant le trafic des internautes.
Le fonctionnement du dispositif sera tenu secret et agira donc dans la plus totale opacité.
Son but sera la recherche de contenus suspects dans une masse de trafic générée par de nombreux internautes. C'est donc un dispositif d'interception et d'analyse massive de données personnelles.
L'exécutif et les services de renseignement contrôleront donc unilatéralement une machine scrutant les correspondances de dizaines (centaines ? milliers ?) de citoyens.
Cela leur donne factuellement le pouvoir d'espionner massivement la population à la recherche d'éléments décidés par eux seuls, sans que personne n'y puisse quoi que ce soit.
Le dispositif devra détecter des éléments suspects et communiquer ceux-ci à l'exécutif, le Premier ministre pouvant alors enclencher une procédure ciblant la personne à l'origine du trafic suspect.
Autrement dit, on demandera à un algorithme de déterminer si une personne est suspecte et si elle mérite une scrutation plus poussée.
Est-il raisonnable d'attendre d'une machine qu'elle mène à bien ces tâches, qui demandent en temps normal investigation, confrontation, sensibilité et discernement de nombreuses personnes (police, juges, avocats, etc.) ?
En outre, seul un juge est censé pouvoir priver un citoyen de certains de ses droits. Dans une contradiction ahurissante avec ce principe, c'est un algorithme, puis l'exécutif, qui déclenchent la suppression du droit à la vie privée.
En État de droit, un citoyen doit pouvoir savoir si ses actions sont répréhensibles ainsi que les risques qu'il encourt, grâce à l'existence d'une loi consultable par tous.
Comme le dispositif espion fonctionne de façon secrète, le citoyen devient incapable de déterminer si ses actions vont le rendre suspect et mener à une violation de sa vie privée : il y a instauration d'une forme de loi secrète par l'exécutif. Nous sommes littéralement à l'opposé du principe d'intelligibilité de la loi énoncé par le Conseil constitutionnel.
De plus, on imagine aisément que ces dispositifs pourront être mis à jour. Les critères faisant du citoyen un suspect mueront donc silencieusement avec le temps. Rappelons enfin qu'une personne se sachant observée et vue comme un potentiel suspect change son comportement, ceci pouvant, à grande échelle, avoir un effet oppressant très important sur la société.
Le texte laisse présager que les dispositifs pourraient être installés à l'intérieur du réseau des FAI. Ce serait alors une aberration sur le plan de la sécurité informatique.
En effet, un technicien soucieux de la sécurité de ses équipements n'accepterait jamais qu'une machine sur laquelle il n'a pas un contrôle total soit branchée à l'intérieur du réseau qu'il gère.
Le dispositif, devant probablement être capable de communiquer en temps réel avec les services de renseignement, accorderait donc à ces derniers une porte dérobée à l'intérieur du réseau du FAI et pourrait servir de point d'appui à des opérations de piratage de ce réseau.
Peut-être plus inquiétant encore, si la sécurité du dispositif est compromise, alors cette porte dérobée pourrait être exploitée par d'autres acteurs (individus, États, etc.). Étrange idée, alors que la sécurité nationale semble être un point de préoccupation de premier plan.
Le texte supprime la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) et la remplace par une Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), qui contrôlera les requêtes d'interception émises par le Premier ministre et s'assurera que l'espionnage mis en place respecte la loi. Avant la mise en place de systèmes d'espionnage visant une personne, le Premier ministre devra émettre une demande à la CNCTR.
En réalité, la CNCTR n'aura quasiment aucun pouvoir contraignant. Elle devra émettre son avis dans un délai de vingt-quatre heures, son silence valant acceptation (article L. 821-3). En cas d'avis défavorable, le Premier ministre pourra passer outre. La CNCTR pourra encore saisir le Conseil d'État, à condition que ses membres le décident à une majorité absolue (article L. 821-6).
En cas de situation qualifiée (arbitrairement) d'« urgence absolue », le Premier ministre pourra simplement se passer de l'avis de la CNCTR (article L. 821-5).
Le viol de vie privée massif, opaque et arbitraire introduit par ce projet de loi contredit de plein fouet certains principes fondateurs d'une société démocratique. FAImaison ne peut donc qu'être opposée à nombre de ses dispositions, à la fois en tant qu'association défendant les droits fondamentaux et en tant que FAI tenant à la sécurité et à l'intégrité de ses équipements.
Ce débat doit être porté à la connaissance du plus grand nombre et les responsables politiques doivent être sensibilisés, malgré la décision du gouvernement de faire passer le texte en procédure d'urgence pour étouffer le débat démocratique.
FAImaison regroupe des informations sur le projet et informe localement citoyens et députés sur ses dangers.
N'hésitez pas à faire de même et solliciter un rendez-vous avec un député ou simplement à l'appeler ou lui envoyer un courrier électronique. Un site de campagne est en place pour vous aider à trouver et appeler gratuitement des députés.
La Quadrature du Net suggère également des amendements, et le site Next Inpact a publié une analyse point par point. Ces ressources vous seront utiles pour argumenter auprès de vos proches et représentants politiques.