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Projet de loi Renseignement - nouveaux dangers pour l'État de droit

dimanche 29 mars 2015

Le gouvernement a présenté en Conseil des ministres, le 19 mars, un projet de loi relatif au renseignement. Il sera présenté à la commission des Lois le 1er avril et examiné à l'Assemblée nationale du 13 au 16 avril.

Selon ses principaux promoteurs (le Premier ministre Manuel Valls, le Ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le rapporteur Jean-Jacques Urvoas), ce texte adapte les services de renseignements à l'ère du numérique tout en encadrant mieux leurs pratiques. Il ne permettrait pas la surveillance de masse, et sa mise en œuvre serait principalement justifiée par une menace terroriste devenue « protéiforme ».

FAImaison est directement concernée par ce texte, et l'association estime au contraire qu'il légalise les intrusions arbitraires de l'exécutif et de l'administration dans la vie privée des citoyens, pour des motifs allant bien au-delà du terrorisme, le tout dans une opacité complète.

Des prétextes larges et flous pour autoriser l'espionnage

Le texte légalise diverses intrusions basées sur le numérique : pose de micros dans les domiciles et les véhicules, implantation à distance de logiciels espions dans les téléphones portables ou encore analyse en temps réel du trafic internet.

De telles intrusions pourront viser n'importe quel citoyen sans l'aval de l'autorité judiciaire, pour des motifs allant bien au-delà du terrorisme (article L. 811-3). Par exemple :

  • les intérêts qualifiés d'« essentiels » de la politique étrangère ;
  • les intérêts économiques et scientifiques essentiels du pays ;
  • la prévention de violences collectives pouvant porter gravement atteinte à la paix publique.

D'une part ces définitions sont floues, et d'autre part le fait de décider si une situation se rapporte à l'une d'elles est laissé à l'appréciation arbitraire de l'exécutif.

Si des citoyens critiquent une entreprise française d'une manière dommageable pour sa réputation (et donc pour les intérêts économiques de la France), ils s'exposeront à des intrusions sans même avoir commis d'acte illégal. Ceci pourrait permettre d'étouffer des affaires liées à des pratiques d'entreprises éthiquement condamnables (conditions de travail, environnement, fraude fiscale, ...).

Autre exemple : il suffirait qu'une manifestation prévue soit estimée (arbitrairement, toujours) « à risque » pour l'ordre public pour que ses organisateurs et leurs proches se voient ciblés par cet espionnage.

Interception massive directement chez les FAI

Pour la prévention du terrorisme, le Premier ministre peut imposer aux fournisseurs d'accès à internet (FAI) la mise en place d'un dispositif de traitement automatisé de données destiné à « révéler une menace terroriste » (article L. 851-4). Concrètement, il s'agit d'une machine scrutant et analysant le trafic des internautes.

Fonctionnement opaque pour surveillance de masse

Le fonctionnement du dispositif sera tenu secret et agira donc dans la plus totale opacité.

Son but sera la recherche de contenus suspects dans une masse de trafic générée par de nombreux internautes. C'est donc un dispositif d'interception et d'analyse massive de données personnelles.

L'exécutif et les services de renseignement contrôleront donc unilatéralement une machine scrutant les correspondances de dizaines (centaines ? milliers ?) de citoyens.

Cela leur donne factuellement le pouvoir d'espionner massivement la population à la recherche d'éléments décidés par eux seuls, sans que personne n'y puisse quoi que ce soit.

La justice remplacée par un algorithme

Le dispositif devra détecter des éléments suspects et communiquer ceux-ci à l'exécutif, le Premier ministre pouvant alors enclencher une procédure ciblant la personne à l'origine du trafic suspect.

Autrement dit, on demandera à un algorithme de déterminer si une personne est suspecte et si elle mérite une scrutation plus poussée.

Est-il raisonnable d'attendre d'une machine qu'elle mène à bien ces tâches, qui demandent en temps normal investigation, confrontation, sensibilité et discernement de nombreuses personnes (police, juges, avocats, etc.) ?

En outre, seul un juge est censé pouvoir priver un citoyen de certains de ses droits. Dans une contradiction ahurissante avec ce principe, c'est un algorithme, puis l'exécutif, qui déclenchent la suppression du droit à la vie privée.

Instauration de lois secrètes

En État de droit, un citoyen doit pouvoir savoir si ses actions sont répréhensibles ainsi que les risques qu'il encourt, grâce à l'existence d'une loi consultable par tous.

Comme le dispositif espion fonctionne de façon secrète, le citoyen devient incapable de déterminer si ses actions vont le rendre suspect et mener à une violation de sa vie privée : il y a instauration d'une forme de loi secrète par l'exécutif. Nous sommes littéralement à l'opposé du principe d'intelligibilité de la loi énoncé par le Conseil constitutionnel.

De plus, on imagine aisément que ces dispositifs pourront être mis à jour. Les critères faisant du citoyen un suspect mueront donc silencieusement avec le temps. Rappelons enfin qu'une personne se sachant observée et vue comme un potentiel suspect change son comportement, ceci pouvant, à grande échelle, avoir un effet oppressant très important sur la société.

Une faille de sécurité généralisée ?

Le texte laisse présager que les dispositifs pourraient être installés à l'intérieur du réseau des FAI. Ce serait alors une aberration sur le plan de la sécurité informatique.

En effet, un technicien soucieux de la sécurité de ses équipements n'accepterait jamais qu'une machine sur laquelle il n'a pas un contrôle total soit branchée à l'intérieur du réseau qu'il gère.

Le dispositif, devant probablement être capable de communiquer en temps réel avec les services de renseignement, accorderait donc à ces derniers une porte dérobée à l'intérieur du réseau du FAI et pourrait servir de point d'appui à des opérations de piratage de ce réseau.

Peut-être plus inquiétant encore, si la sécurité du dispositif est compromise, alors cette porte dérobée pourrait être exploitée par d'autres acteurs (individus, États, etc.). Étrange idée, alors que la sécurité nationale semble être un point de préoccupation de premier plan.

La CNCTR : un contre-pouvoir de façade

Le texte supprime la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) et la remplace par une Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), qui contrôlera les requêtes d'interception émises par le Premier ministre et s'assurera que l'espionnage mis en place respecte la loi. Avant la mise en place de systèmes d'espionnage visant une personne, le Premier ministre devra émettre une demande à la CNCTR.

En réalité, la CNCTR n'aura quasiment aucun pouvoir contraignant. Elle devra émettre son avis dans un délai de vingt-quatre heures, son silence valant acceptation (article L. 821-3). En cas d'avis défavorable, le Premier ministre pourra passer outre. La CNCTR pourra encore saisir le Conseil d'État, à condition que ses membres le décident à une majorité absolue (article L. 821-6).

En cas de situation qualifiée (arbitrairement) d'« urgence absolue », le Premier ministre pourra simplement se passer de l'avis de la CNCTR (article L. 821-5).

Que faire ?

Le viol de vie privée massif, opaque et arbitraire introduit par ce projet de loi contredit de plein fouet certains principes fondateurs d'une société démocratique. FAImaison ne peut donc qu'être opposée à nombre de ses dispositions, à la fois en tant qu'association défendant les droits fondamentaux et en tant que FAI tenant à la sécurité et à l'intégrité de ses équipements.

Ce débat doit être porté à la connaissance du plus grand nombre et les responsables politiques doivent être sensibilisés, malgré la décision du gouvernement de faire passer le texte en procédure d'urgence pour étouffer le débat démocratique.

FAImaison regroupe des informations sur le projet et informe localement citoyens et députés sur ses dangers.

N'hésitez pas à faire de même et solliciter un rendez-vous avec un député ou simplement à l'appeler ou lui envoyer un courrier électronique. Un site de campagne est en place pour vous aider à trouver et appeler gratuitement des députés.

La Quadrature du Net suggère également des amendements, et le site Next Inpact a publié une analyse point par point. Ces ressources vous seront utiles pour argumenter auprès de vos proches et représentants politiques.

Élections départementales et logiciel libre - sensibilisons les candidats

lundi 16 mars 2015

FAImaison relaie localement sur Nantes et ses environs l'initiative candidats.fr pour sensibiliser nos futurs élus départementaux au logiciel libre. Cette démarche, proposée par l'April consiste, au-delà de la sensibilisation aux logiciels libres, à inviter les candidats à signer le pacte du logiciel libre.

N'hésitez pas à relayer cette démarche et à y participer !

Grâce à ses contacts, FAImaison a déjà fait signer deux pactes du logiciel libre, et d'autres contacts sont en cours (voir la liste des signataires).

Rappelons que sous des aspects qui semblent spécifiques et techniques, le logiciel libre véhicule d'importants enjeux citoyens, économiques et environnementaux. Par exemple :

  • éviter l'obsolescence prématurée et donc la transformation en déchet de matériel informatique en plein état de fonctionnement ;
  • économiser par la même occasion le prix qu'aurait coûté du matériel et des logiciels neufs ;
  • permettre aux utilisateurs d'avoir confiance dans leur outil de communication et maîtriser leurs données personnelles ;
  • garantir la transparence des collectivités via la production par celles-ci de données sous formats libres et ouverts, ne nécessitant pas l'achat de logiciels propriétaires pour être consultées par les citoyens (principes de l'ouverture des données publiques ou open data) ;
  • contribuer à résorber la fracture numérique.

La gestion des collèges, l'accès à la culture, l'aide à l'insertion ou encore les transports locaux, compétences des conseils généraux (renommés en conseils départementaux à compter des élections), sont autant de sujets nécessitant que les futurs élus prennent en compte les avantages apportés par l'utilisation de logiciels et de formats libres et ouverts.

AG FFDN 2015 - second week-end de mise en place d'un réseau Wifi à Cholet

mercredi 4 mars 2015

Les 1 et 2 mars nous étions de retour à Cholet pour finir le pont réseau jusqu'au domaine de la Guinchelière afin d'apporter une connexion à Internet pour l'Assemblée générale de la Fédération FDN qui, pour rappel, se déroulera du 7 au 10 mai prochains.

Cette fois, nous avions un planning peu ambitieux : finir l'établissement du lien entre Cholet et La Guinchelière.

Finalement, les bénévoles ont fait bien plus que ça : ils ont travaillé sur les détails administratifs restant à traiter pour ouvrir les inscriptions à l'assemblée générale, ils ont également bien avancé sur la rédaction d'une réponse à appel à projet en vue de trouver des financements pour les projets de l'association et ont même fait une première étude à la Guinchelière pour voir quel travail reste à faire pour que les membres de la Fédération puissent se connecter un peu partout sur le domaine.

Nous ne reviendrons pas sur ces points dans la suite de cet article, nous allons juste traiter la mise en place du dernier morceau de réseau Wifi longue distance qui restait à établir. Après un lien réussi d'environ 5km, le dernier lien à poser ne fait qu'un peu plus de 1km.

Pour le segment de 5km, nous avions utilisé des antennes Ubiquity NanoBridge M5.

Niveau de réception de la NanoBridge M5 du relais de la
Chouette

Pour le second segment ce sont des NanoStation M5 qui sont à l'oeuvre.

NanoStation M5 au relais de la
Chouette

Avant de nous lancer dans l'installation de la première NanoStation, nous avons procédé à un élagage pour avoir une vue bien dégagée :

Elagage des branches dans l'axe des liens
radio

Ah et n'oublions pas de remercier le temps bien humide qui nous a permis de réaliser un superbe embourbement dans les règles de l'art :

Elagage des branches dans l'axe des liens
radio

Pour le test, nous avons à nouveau utilisé la batterie d'une voiture, un convertisseur 12V > 220V et une multiprise :

Elagage des branches dans l'axe des liens
radio

De loin, ça ressemble à ça :

Elagage des branches dans l'axe des liens
radio

De l'autre côté du lien de 1km, nous avons installé l'antenne sur un mât TV existant :

Elagage des branches dans l'axe des liens
radio

Résultats des tests : les deux segments sont à 100Mbps symétriques.

Ce qui reste à faire pour assurer la connectivité pour l'assemblée générale :

  • trouver un moyen d'alimentation viable pour le relais, pourquoi pas déplacer le relais au plus proche d'une habitation ;
  • ouvrir une ligne VDSL / fibre adéquate, au pire plusieurs lignes ADSL ;
  • mettre en place une infrastructure réseau pour couvrir l'ensemble du domaine en Wifi, pourquoi pas un réseau maillé.

Dé-censurer sa connexion internet en cinq minutes

lundi 2 mars 2015

La censure d'internet peut perturber l'accès à des logiciels, au savoir, à la culture et à l'information. Elle peut être mise en place par le fournisseur d'accès à internet (FAI) pour des raisons économiques ou sur injonction d'une autorité.

Pour bloquer un site, l'intermédiaire technique (le FAI) envoie des données mensongères en réponse aux requêtes de l'internaute. C'est une atteinte à la neutralité du réseau.

Malheureusement, un blocage déborde couramment sur des sites sans rapport avec la cible : on appelle cela le surblocage. Les sites bloqués peuvent aussi souffrir d'un long délai administratif de déblocage après suppression du contenu litigieux.

Autant de cas où accéder à ces ressources malgré un intermédiaire peu coopératif (ou zélé, selon le point de vue) peut être nécessaire. Heureusement, quelques minutes suffisent souvent pour cela. Voici deux méthodes.

Méthode 1 : ignorer les mensonges de son FAI

Une méthode de censure courante, car peu coûteuse, est celle du « DNS menteur ». Le DNS, ou serveur de noms de domaines, est comme un annuaire auquel notre navigateur s'adresse pour trouver un site.

Un DNS menteur est comme une fausse entrée dans les Pages jaunes : on a le bon nom mais la mauvaise adresse. Techniquement, un serveur de noms doit fournir la ou les adresses IP (exemple : 104.28.4.42) associées à un nom de domaine (exemple : thepiratebay.se). S'il ment et ne fournit pas la bonne adresse IP, impossible d'atteindre le site.

Accéder pleinement à internet ne peut donc être fait qu'en utilisant un serveur de noms qui ne ment pas. Si celui de notre FAI - utilisé par défaut par nos appareils - ment, il suffit d'en changer.

Commencer par noter l'adresse IP d'un serveur de noms de confiance. Nous suggérons ceux-ci :

Entrer ces adresses aux endroits appropriés du système. Des explications existent pour la plupart des systèmes :

  • GNU/Linux (Ubuntu, Debian) ;
  • Windows ;
  • MacOS ;
  • iOS (iPhone et iPad) ;
  • Android : aucune solution simple et sûre ne semble disponible.

Attention : des tutoriels conseillent les DNS de Google et OpenDNS. Le premier est discutable sur le respect de la vie privée vu le modèle économique de Google (exploitation de données personnelles), et le second est menteur.

Et voilà ! Face à un blocage par DNS menteur, cette opération vous permet d'accéder de nouveau à la ressource voulue.

Méthode 2 : utiliser Tor

Le navigateur Tor est une solution particulièrement simple à utiliser (pas de configuration) bien qu'elle repose sur une technologie complexe.

C'est un logiciel libre et gratuit qu'il suffit de télécharger et de lancer. C'est une version modifiée de Firefox qui redirige toutes les connexions à travers le réseau d'anonymisation Tor, pour en augmenter la confidentialité. Par la même occasion, cela contourne de nombreux types de blocage.

Il peut être toutefois moins confortable d'utiliser tantôt le navigateur Tor, tantôt son navigateur habituel selon les sites visités, d'autant plus si on a des préférences et sites favoris sauvegardés. De plus, ce navigateur impose certaines restrictions par sécurité, comme l'absence de certains plugins tels que Flash.

Enfin, utiliser Tor pour certaines opérations comme la banque en ligne ou la visite d'un site non sécurisé récoltant des informations personnelles est souvent à la fois inutile et déconseillé. L'outil ne dispense pas des habituelles précautions à prendre en ligne : utiliser HTTPS plutôt que HTTP, ne pas ouvrir n'importe quel document ou logiciel téléchargé.

Pour approfondir

Jusqu'à récemment, la censure d'internet était une pratique communément associée à des régimes autoritaires voire dictatoriaux.

C'est dans ce contexte qu'ont été conçus des guides et logiciels visant à la protection des données personnelles et au contournement de la censure. Aujourd'hui, ils deviennent indispensables à tout un chacun, au pays des droits de l'Homme comme ailleurs :

AG FFDN 2015 - premier week-end de mise en place d'un réseau Wifi à Cholet

lundi 16 février 2015

Les 7 et 8 février, quelques bénévoles de FAImaison se sont retrouvés à Cholet pour préparer l'Assemblée générale de la Fédération FDN qui se tiendra à La Tessoualle du 7 au 10 mai prochain et que nous organisons.

Nous pensions travailler sur plein de sujets, finalement nous avons surtout travaillé à l'établissement d'un lien radio permettant d'amener une connexion suffisante pour l'AG et pourquoi pas pérenniser cette installation pour les gîtes de nos hôtes.

Pour effectuer cette connexion nous avons besoin de deux liens radio, la topographie locale ne permettant pas de faire de lien direct. Par manque de temps, nous n'avons établi que le lien le plus long (5.3km) entre Cholet et un point haut proche du lieu de l'AG. Le second fera moins d'un kilomètre et ne devrait pas poser de soucis particulier.

Le week-end commença en allant chercher une grande échelle (de 11m), que l'association a louée pour l'occasion :

L'échelle
mobil

Vu la hauteur de la maison à Cholet (9m), toutes les précautions ont été prises :

Matériel
d'escalade

Lors de la première montée, des membres ont assuré l'échelle, regardez ces visages rêveurs <3

En bas de l'échelle

En bas de l'échelle

Pour faciliter les opérations, nous étions en communication permanente par GSM (au sein d'une conférence téléphonique).

Pendant le processus d'alignement des antennes, nos membres n'étaient jamais bien loin de leurs antennes, les manipulations d'orientation se sont effectuées à tour de rôle en surveillant les outils de mesure intégrés au système d'exploitation des antennes, AirOS :

Cholet :

Sur le toit à Cholet

La Cour :

Dans l'arbre à la Cour

Toujours pour faciliter l'alignement, les 2 antennes ont été paramétrées pour utiliser une largeur de canal de 5Mhz, une possibilité offerte par AirOS. Très vite les premiers pings passent :

Ping

À Cholet, l'antenne est branchée sur secteur. Dans le champ, nous avons utilisé un convertisseur 12VDC / 220VAC :

Alimentation sur voiture

Nous avons profité de l'occasion pour prendre quelques photos pour construire des panoramas.

Panorama depuis le toit à Cholet :

Panorama depuis Cholet

Panorama depuis le champ :

Panorama depuis le champ

Au final, nous avons établi un lien capable de faire transiter 100Mbps de trafic en symétrique, le lien radio étant synchronisé à 300Mbps.

Interview du 6 février sur Radio Prun' - erratum

mercredi 11 février 2015

Deux membres de FAImaison ont été interviewés dans l'émission Ghetto Blaster du 6 février sur Radio Prun' (télécharger l'interview). L'association, ses missions et ses activités, y ont été présentés, et le caractère antidémocratique des dernières lois et décrets consacrant la censure extrajudiciaire d'internet y a été expliqué.

De petites erreurs et omissions se sont toutefois glissées dans les propos des deux interviewés : difficile d'être parfaitement exact, synthétique et percutant en direct à la radio ! Corrections des points importants.

Tarif de l'ADSL FAImaison et procédure d'ouverture de ligne

Notre tarif est bien de 30€ par mois, auxquels il faut effectivement ajouter entre 15€ et 20€ pour une ligne de téléphone fixe.

Une information a cependant été omise : les frais d'accès au service (FAS), à payer une fois à la création de la ligne ADSL, sont de 84€.

En zone non dégroupée (cas de plus en plus rare), le tarif est de 40€ par mois et les FAS de 78€.

La procédure exacte d'ouverture de ligne est quant à elle décrite sur cette page.

Voir la foire aux questions pour davantage de détails.

Les FAI commerciaux n'interdisent pas l'auto-hébergement

Contrairement à ce qui a été dit, les opérateurs n'ont en général pas de clauses interdisant l'auto-hébergement, comme en témoigne ce tableau récapitulatif.

Cela fut le cas dans le passé pour Numéricâble, mais ces restrictions ont été levées.

Le tableau montre toutefois que nombre d'opérateurs présentent des limitations techniques rendant plus difficile l'auto-hébergement : pas d'adresse IP fixe, pas d'IPv6, blocage de certains types de trafic, etc. FAImaison, comme FDN, n'a pas ces restrictions.

La desserte en zone blanche est bien une priorité de l'association

Cela a peut-être manqué de clarté, démocratiser l'accès au réseau est bien une mission principale de l'association, ce qui inclut :

  • l'apport de connectivité en zones blanches et grises (c'est-à-dire pas ou peu desservies par le haut débit) ;
  • la création et pérennisation de connexions accessibles aux personnes ayant des ressources financières limitées.

Toutefois, les besoins d'investissements peuvent être importants et les opportunités techniques variables. De plus, ces projets de desserte nécessitent une phase de conception, de prévision budgettaire et de prise de contact humain et se font donc à un terme plus long. Leur avancement peut être plus difficile à percevoir, mais des membres travaillent dessus avec ardeur !

Charlie Hebdo - combattre l'obscurantisme par la liberté

mardi 13 janvier 2015

Des millions de personnes ont manifesté les 10 et 11 janvier sous le slogan « Je suis Charlie » pour affirmer leur dégoût face à l'attaque contre Charlie Hebdo, qui fut choquante par sa violence et par la volonté obscurantiste qu'elle véhicule.

Cette réaction populaire montre l'attachement à nos libertés fondamentales. Elle devrait tous nous inciter à examiner plus globalement ce qui peut les menacer, y compris dans nos propres lois.

Il nous revient à tous de dénoncer les idées et actes mettant à mal les fondements démocratiques. Il nous incombe de promouvoir les projets consolidant la libre expression et les droits sur lesquels elle repose, comme la vie privée et les libertés de pensée et d'opinion.

Dans l'usage d'internet, choisir les bons logiciels nous permet de protéger notre liberté d'expression : Firefox avec HTTPS Everywhere, Tor, Tails, Jitsi, etc. C'est un acte concret de sauvegarde des droits fondamentaux ainsi qu'une amélioration de sa sécurité personnelle.

Les idées liberticides ne sont pas l'apanage des terroristes. La peur aidant, elles s'immiscent dans de nombreux esprits, y compris ceux de dirigeants politiques qui votent précipitamment des dispositifs d'exception rabotant nos libertés : loi pour la sécurité intérieure, loi de programmation militaire, loi terrorisme, etc.

Il est illusoire d'espérer préserver nos droits fondamentaux tout en nous en privant massivement. Considérer que le danger provient d'une catégorie de personnes spécifique promeut la peur et nous inflige à tous la punition voulue par ceux qui ont assassiné journalistes et policiers. Cela retranche chacun dans ses positions et affaiblit le lien social.

C'est contre des idées qu'il s'agit de lutter, et non contre des personnes. Lutter contre des idées n'est en outre pas possible si on ne peut pas les examiner et les confronter librement.

À nous tous de prendre confiance dans la libre expression et le libre examen des idées. Que l'élan créé par les manifestations nous incite à renforcer les échanges d'idées plutôt qu'à les réduire à un ensemble jugé acceptable par telle ou telle idéologie.

À lire également :

Étude de la couverture haut débit des écoles de l'agglomération nantaise

lundi 1 décembre 2014

Edit :

Nous avons actualisé la carte pour prendre en compte les écoles élémentaires et les écoles privées. Le jeu de données montre maintenant qu'il y a 32 écoles dont la connectivité semble non satisfaisante (<8Mbps descendant ; 31 écoles publiques, 1 école privée) :

  • Maternelles Le Baut, Bois-Raguenet, Camille Claudel, Condorcet, Françoise Dolto, du Douet, Georges Brassens, La Houssais, Jules Ferry, La Martellière, Pierre Mara, René Guy Cadou, Sainte Bernadette, Sainte Claire d'Assise
  • Elémentaires Ange Guépin, Angevinière, Le Baut, Bois-Raguenet, Chêne Creux, Condorcet, Fougan-de-Mer, George Sand, Jean Moulin, La Martellière, Pierre Mara, René Guy Cadou, Salentine, Robert-Badinter, Sainte Claire d'Assise
  • Primaires Françoise Dolto, Jacques Tati, Rue Noire

Contexte

FAImaison a pris connaissance de la situation des écoles Le Baut à Nantes Nord. Il est apparu qu'elles sont sinistrées de l'accès à Internet haut débit. De ce constat est naturellement venue l'idée de réaliser un état des lieux de l'accessibilité au haut débit des écoles de l'agglomération.

Présentation des données collectées

Nous avons créé, à partir de données publiques, une visualisation des débits théoriquement accessibles aux écoles nantaises, ainsi que leur distance au NRA1 auquel elles sont raccordées.

Sont marquées en rouge sur la carte ci-dessous les écoles disposant d'un débit maximum théorique inférieur à 8Mbps. Nous avons choisi cette limite car les débits maximaux théoriques sont rarement atteints en pratique, ne serait-ce qu'à cause d'une desserte locale4 sous-optimale. Ces écoles sont donc potentiellement en situation de « fracture numérique3 » au sens du schéma directeur territorial d'aménagement numérique de Loire-Atlantique (SDTAN 44) et méritent à ce titre une attention particulière, une étude et le cas échéant une solution.

Certaines écoles expliquent que cette situation nuit à leur mission d'enseignement. Cela engendre en effet une perte de temps pour des tâches simples comme le renseignement de dossiers élèves ou la constitution de documents pédagogiques. L'accès à des ressources en ligne, et en particulier au contenu multimédia, à des fins pédagogiques, est quant à lui considéré comme quasiment impossible. L'impact de cette situation sur la qualité de l'enseignement est donc indéniable.

C'est le cas des écoles Le Baut : le débit maximum théorique est de 4 Mbps, alors que celui constaté sur place est inférieur à 0,5 Mbps, ce à quoi s'ajoutent des pertes de connexion régulières du modem ADSL.

Capture d'écran de la carte d'éligibilité des écoles de la région nantaise

Cliquez pour ouvrir la carte

Légende

écoles publiques disposant d'une bonne connectivité écoles publiques disposant, à priori, d'une connexion à Internet satisfaisante

écoles publiques disposant d'une connectivité inadaptée écoles publiques disposant, à priori, d'une connectivité inadaptée

écoles publiques sans données d'éligibilité écoles publiques pour lesquelles nous n'avons pu déterminer la connectivité

écoles privées disposant d'une bonne connectivité écoles privées disposant, à priori, d'une connexion à Internet satisfaisante

écoles privées disposant d'une connectivité inadaptée écoles privées disposant, à priori, d'une connectivité inadaptée

écoles privées sans données d'éligibilité écoles privées pour lesquelles nous n'avons pu déterminer la connectivité

les NRA les NRA

Analyse

Cette visualisation nous apporte les informations suivantes :

  • toutes les écoles dont nous avons pu récolter les informations2 sont éligibles à l'ADSL ;
  • 51% des écoles disposent d'un débit théorique supérieur ou égal à 15Mbps ;
  • 14 écoles ne peuvent disposer de plus de 8 Mbps maximum théoriques, soit 9% des écoles de l'agglomération ;
  • le test d'éligibilité n'a retourné aucune information pour une douzaine d'écoles : leur accès au haut débit est à étudier au cas par cas.

Les 14 écoles semblant être les moins bien équipées sont :

Les débits indiqués sont respectivement les débits maximums théoriques descendant et montant en ADSL. Ces données indiquent uniquement les débits auxquels les écoles peuvent prétendre (si l'installation était exempte de défaut, en particulier en ce qui concerne les lignes de cuivre téléphoniques qui peuvent être vieillissantes) et en aucun cas le débit réel.

On note en outre que le NRA auquel sont reliées les lignes téléphoniques ne semble pas toujours le plus optimal ; à Saint-Sébastien par exemple, les 3 écoles sont raccordées au NRA de Haute-Goulaine, alors qu'un NRA est présent dans le centre de Saint-Sébastien.

En conclusion, il existe quelques zones grises en pleine ville. Il est donc nécessaire de rechercher les solutions possibles pour ces écoles. Par extension, ces solutions pourraient être applicables pour les autres habitants des quartiers concernés.

Sources et méthode de collecte des données

Nous avions besoin dans un premier temps de la liste des écoles publiques avec leurs numéros de téléphone.

La métropole fournit justement ces informations en opendata. Le fichier fourni contient 150 écoles, dans un format à choisir par l'utilisateur, certains comme JSON, XML et CSV étant particulièrement pertinents pour un traitement automatisé.

Cette collecte aisée des écoles et de leurs numéros de téléphone devait être suivie de tests d'éligibilité à l'ADSL. Comme il est fastidieux de réaliser 150 tests manuellement, nous les avons automatisés. Il n'existe malheureusement pas de réelle plateforme opendata pour cela, mais des tests en ligne sur divers sites Web, y compris ceux de fournisseurs d'accès à internet, permettent de récupérer les informations nécessaires.

Nous avons dû développer un outil spécifique envoyant une requête pour chacun des numéros de téléphone et extrayant les informations requises des réponses obtenues dans des pages HTML.

Bien entendu, il serait nettement plus pratique que la base de données qui permet aux opérateurs de déterminer l'éligibilité d'une ligne fixe soit intégralement et publiquement accessible en opendata.

Conclusion et prochaines étapes

Il existe de fortes disparités entre les écoles. À cela s'ajoutent des conditions pratiques parfois très éloignées des résultats théoriques. Toutefois, il est probable que certaines écoles soient d'ores et déjà en mesure d'accéder à des offres de meilleure qualité mais qu'elles n'ont pas la latitude nécessaire pour effectuer un tel changement.

FAImaison souhaite donc d'une part que le cas de chaque école puisse être étudié indépendamment selon les caractéristiques techniques impliquées par sa situation géographique. Le cas échéant, l'association souhaite que les écoles puissent changer d'opérateur s'il s'avère qu'il en existe un qui leur permette d'accéder à Internet dans des conditions décentes.

D'autre part, FAImaison est volontaire pour étudier les solutions qu'elle peut apporter elle-même, notamment via l'utilisation de liens sans fil. L'association est ouverte à des collaborations avec les écoles et les collectivités dans le but d'améliorer les situations constatées.


  1. Nœud de raccordement ADSL, le débit disponible dépendant directement de la longueur de la ligne entre la prise téléphonique et le NRA. 

  2. Le test d'éligibilité ne répondait pas sur certaines écoles 

  3. Le haut débit au sens du SDTAN, c'est au moins 2Mbps en débit descendant. 

  4. la ligne de cuivre en zone privative entre la tête d'arrivée téléphonique et l'endroit où le modem/routeur est connecté 

Vie privée, un problème de vieux cons ? Retour sur la conférence de Jean-Marc Manach

lundi 13 octobre 2014

Jean-Marc Manach a donné une conférence le jeudi 9 octobre 2014 au Conseil général de Loire-Atlantique, au titre tiré de son livre du même nom. Elle était organisée par le Conseil de développement de Loire-Atlantique.

Retrouvez :

Son intervention a démonté des préjugés courants à propos d'internet. Il a par exemple rappelé qu'internet n'est pas une invention de l'armée américaine mais qu'il doit son existence à des chercheurs américains baignant dans la contre-culture des années 1970. Il a plus généralement contredit les peurs habituelles prétendant qu'internet augmente les dangers issus du terrorisme ou de la pédopornographie.

Il a par ailleurs expliqué que l'anonymat sur internet est en général illusoire, comme cela a été montré par les révélations d'Edward Snowden sur l'espionnage de masse de la NSA, bien qu'il existe des pratiques pour se protéger et réduire ses traces.

Il a relativisé le constat selon lequel les adolescents s'exhiberaient de façon croissante, en citant l'exemple du couple libertin Jacquie et Michel dont le site remonte aux années 1990, montrant que ceci n'est ni nouveau ni spécifiquement adolescent.

Critiquant une paranoïa rampante, Jean-Marc a expliqué la tendance à déporter ses vies sociale, privée et sexuelle vers internet par le délitement des relations dans le monde physique. Ce glissement est accompagné d'une utilisation inadéquate des outils en ligne, un « mur » Facebook étant souvent à tort considéré comme privé. Il a donné des exemples montrant que ce sont souvent l'erreur humaine ou l'action délibérément malveillante qui amènent de fâcheuses conséquences pour les individus, sans qu'internet rentre nécessairement dans l'équation : mouchardage de propos lus sur le mur d'un « ami », exploitation malveillante de données personnelles d'employés par les dirigeants d'une entreprise ou d'une administration, etc.

En association avec ce manque de discernement du public, il a rappelé que les masses de données personnelles attirent à la fois les entreprises pour leur profitabilité économique et les gouvernements pour certaines politiques sécuritaires.

En lien avec ces problèmes, il a décrit la dérive subie par la notion de droit à l'oubli : alors qu'elle a été introduite en France pour protéger les citoyens du fichage étatique de leurs données privées à travers la loi Informatique et libertés de 1978, elle a progressivement été détournée vers un outil permettant de censurer de l'information publique, comme en témoigne son intérprétation par la Cours de justice de l'Union européenne qui fait d'entreprises privées des censeurs des données publiques.

Il a plus généralement fait remarquer la présence récurrente de projets de loi aberrants à l'Assemblée nationale, proposés par les majorités successives, citant comme exemple récent le projet de loi « terrorisme » qui veut une nouvelle fois imposer le blocage de sites web en ignorant les avis d'experts, de députés et de commissions spécialisées qui en pointent tous la contre-productivité.

Il a fustigé un comportement colonialiste et paternaliste de la part de trop de responsables politiques qui ignorent les réalités d'internet tout en voulant « civiliser » ce qu'ils considèrent comme une « zone de non-droit ».

Jean-Marc a relativisé la paranoïa entourant les activités des services de renseignements occidentaux et en particulier leur capacité à examiner l'intégralité des contenus circulant sur les réseaux : il a établi un parallèle avec la paranoïa de certains représentants politiques vis-à-vis de menaces prétendument créées par internet, qui mène à des décisions anti-démocratiques. Il a rappelé que même la NSA a besoin de la collaboration d'entreprises privées.

Il a enfin précisé qu'il fallait généraliser le chiffrement par défaut pour toutes les communications personnelles afin de protéger concrètement des droits qui devraient être garantis pour l'ensemble des citoyens.

Projet de loi « terrorisme » - que faire après son adoption par l'Assemblée ?

mardi 23 septembre 2014

L'Assemblée nationale a adopté jeudi 18 septembre le projet de loi « terrorisme ».

Majorité et opposition sourdes aux critiques des experts et de la société civile

En rejetant les amendements visant à corriger les mesures dangereuses pour les libertés individuelles, l'Assemblée nationale a fait un pas vers la mise en place de dispositifs de surveillance et de censure inefficaces, imprécis, coûteux et anti-démocratiques.

L'association est déçue et inquiète de cette évolution et dénonce une nouvelle fois l'inadéquation du texte au regard de ses objectifs associée aux dangers qu'il fait peser sur certains droits fondamentaux. Elle s'oppose en particulier aux dispositions des articles 4 et 9, le premier consacrant la censure administrative imposée aux fournisseurs d'accès à internet et le second faisant de l'usage d'internet une circonstance aggravante à l'expression de propos jugés répréhensibles.

Ces mesures ont pourtant été critiquées à maintes reprises par des députés de tous bords mais minoritaires au sein des formations principales (Christian Paul et Corinne Erhel pour le PS, Laure de la Raudière et Lionel Tardy pour l'UMP, et Isabelle Attard pour les Verts) et par des corps d'experts (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information et Conseil national du numérique).

Du 11 au 16 septembre, FAImaison a relayé et participé à la campagne « Présumés terroristes » initiée par La Quadrature du Net en rencontrant des députés en Loire-Atlantique et en Île-et-Vilaine et en invitant les citoyens à participer individuellement.

Ces rencontres n'ont pas eu d'impact sur le vote mais nous ont montré qu'il était possible d'entamer d'intéressantes discussions sur ces sujets avec certains représentants politiques, qui sont souvent loin d'être spécialistes du numérique. Nous avons en effet pu échanger de longs argumentaires et rencontrer certains députés.

Prochaine étape : l'examen au Sénat en octobre

Le Gouvernement ayant choisi de faire passer ce projet de loi en procédure accélérée, il ne passera plus à l'Assemblée nationale. La prochaine étape est le passage devant le Sénat, éventuellement suivi par une commission mixe paritaire.

Le texte présenté au Sénat peut être consulté ici : il s'agit du texte à l'issue des votes d'amendements à l'Assemblée nationale.

Le passage au Sénat devrait intervenir courant octobre. FAImaison continuera à relayer cette campagne localement et invite d'ores et déjà chacun a rentrer en contact avec ses sénateurs afin de leur présenter les dangers de ce texte de loi.

N'hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez des conseils pour participer, voulez consolider vos arguments ou souhaitez participer à de futurs ateliers.