Le 15 septembre dernier, FAImaison a donné une
conférence à
Damgan, sur invitation de
l'Université populaire du numérique. Une quarantaine de
personnes l'ont honorée de leur présence, de leur intérêt, et sans oublier de
leur patience puisque la présentation a légèrement débordé d'une (très) grosse
demi-heure.
Contenu de la présentation
Enregistrement audio et support
Le support de la présentation est
ici
(format LibreOffice, réutilisable librement, utilise la police
Jura).
En première partie, ont été détaillées les atteintes aux droits causées par des
pratiques peu scrupuleuses des secteurs privé et public : la fracture numérique
persistante pour les ruraux et les pauvres, la censure qui touche surtout les
plus défavorisés, la violation de la vie privée via l'espionnage arbitraire
étatique ou encore via le lucratif trafic de données personnelles.
La vision de FAImaison pour qu'internet soit un outil d'émancipation y a aussi
été donnée : décentraliser le réseau en utilisant du logiciel libre, le gérer
localement, solidairement et comme un bien commun profitant à l'intérêt général,
et créer un cadre législatif focalisé sur les droits fondamentaux plutôt que sur
les intérêts privés ou sur une pseudo-sécurité.
En seconde partie, il a été montré comment FAImaison applique ces approches sur
les aspects technique, financier, organisationnel et humain. Ce partage issu de
six ans d'expérience, y compris des difficultés complexes ou récurrentes, entend
contribuer à une réflexion sur les différents aspects de la réappropriation
citoyenne d'internet, et donner des billes aux personnes souhaitant se lancer
dans l'aventure.
Cette présentation pourra être affinée et faire l'objet d'autres interventions.
Damgan : un exemple de la fracture numérique
Les interventions du public ont montré l'attente et le sentiment d'impuissance
face aux faibles débits constatés dans certaines parties de la commune. Si
certains quartiers sont bien desservis, ceci reste très handicapant pour nombre
d'habitants.
Puisque le critère de rentabilité rend beaucoup d'opérateurs sourds au problème
de droits fondamentaux engendré par l'absence d'accès décent, FAImaison rappelle
qu'habitants et collectivités peuvent agir plutôt qu'espérer. Des technologies
peu coûteuses existent pour construire sa propre infrastructure locale, à
l'image des réseaux de quartier de FAImaison à Nantes.
Une mairie coopérative pourrait être un sérieux atout : elle pourrait autoriser
l'accès à des points hauts (mairie, église, château d'eau…), coordonner les
efforts ou même lancer une réflexion sur un fibrage citoyen. Une telle
collaboration dans le village de Chéméré avait été centrale pour apporter du
haut débit le temps d'un
week-end.
Enfin, Damgan bénéficie de lignes de vue exceptionnelles sur d'autres communes
du littoral, aisément exploitables pour des liens sans fil.
FAImaison sera solidaire si une telle initiative venait à démarrer, tout en
rappelant que le but est l'autonomisation des habitants.
Remerciements
L'Université populaire du numérique de Damgan a géré l'organisation avec
fiabilité, une très généreuse sympathie et un digne apéritif au cidre ! De la
préparation de la salle à la communication préalable (création de l'affiche,
diffusion…), la solide logistique a permis un événement sans accroc.
La sympathie, l'enthousiasme et les discussions avec de nombreuses personnes ont
été une très belle occasion d'apprendre et d'échanger : merci !
Généreuses, les personnes présentes et l'association damganaise l'ont aussi été
financièrement : 55€ de dons ont été récoltés pour FAImaison et les
intervenants ont été partiellement défrayés pour leur déplacement.
Merci pour l'accueil exceptionnel dans ce village aux guitares
militantes. L'internet associatif
se nourrit avant tout de connexions humaines enthousiasmantes et enrichissantes.
Vous pouvez voir les quelques sympathiques
photos de l'événement.
Bibliographie
De nombreuses lectures ont permis la préparation de cette présentation. Toutes
celles qui ont été consignées sont visibles sur la page de
wiki
de préparation de la conférence.
Des votes ont lieu le 4 septembre, puis le 2 octobre au Parlement européen sur
un texte qui touchera profondément et pour longtemps les fournisseurs d'accès à
internet (FAI) associatifs de l'Union européenne (UE) : la future
directive
qui établira le Code des communications électroniques européen (CCEE).
Enjeux cruciaux mais situation incertaine
Les enjeux du texte constituent le cœur des initiatives citoyennes comme FAImaison :
la libération de nouvelles fréquences radio permettant de créer des réseaux
locaux (tels nos réseaux de quartier) plus facilement ;
une reprise de contrôle citoyen des équipements radio utilisés sur ces réseaux
locaux, en ancrant dans la loi la possibilité d'y installer du logiciel libre
et transparent à la place des logiciels fermés et opaques fournis par les
constructeurs et indirectement contrôlés par l'État ;
la possibilité pour chacun·e de partager son accès à internet avec voisins et
amis sans craindre de représailles judiciaires pour les téléchargements dits
« illégaux » effectués par eux ;
la possibilité pour les FAI locaux d'accéder au marché de la fibre
optique,
en forçant les opérateurs monopolistiques à partager l'infrastructure à des
prix encadrés ;
l'arrêt de la conservation obligatoire des données de connexion des
utilisateurs.
La situation sur ces sujets peut autant être améliorée que dégradée, en fonction
des amendements adoptés par le Parlement.
Contactez des députés européens !
Avec les ressources suivantes, vous pourrez d'abord mieux formaliser les enjeux
puis plonger peu à peu dans certains détails du texte et comprendre leurs
effets. Vous serez équipé·e pour convaincre un·e europdéputé·e de voter des
amendements favorables à un internet au service des citoyens dans l'UE :
tour d'horizon des enjeux et prise de position dans la lettre
ouverte
signée par FAImaison en mars dernier ;
excellente
synthèse
qui illustre à travers des exemples précis les enjeux et les relie avec
certains articles et amendements : avec ceci, vous pouvez écrire un courriel
ou avoir une conversation téléphonique rapide mentionnant certains
amendements à adopter ou à rejeter ;
notre page de
wiki
qui détaille les articles pertinents, les résume et tente d'expliquer en quoi
les amendements proposés pour chacun de ces articles sont bons ou mauvais, en
faisant le lien entre les grands principes qui nous guident et les
formulations technocratiques du texte législatif : à ce niveau il devient
possible d'argumenter plus longuement sur le détail des amendements par
téléphone.
Envoyez des courriels et/ou appelez gratuitement un·e député·e grâce au
PiPhone, en concentrant les efforts sur les
membres de la
commission parlementaire en charge de l'industrie (acronyme : ITRE), car c'est
elle qui vote le 2 octobre. Pour certains articles, les eurodéputés ont
négocié entre eux des amendements dits « de compromis » en amont du vote, qui
ont de bonnes chances d'annuler et remplacer les amendements initaux : lisez la
courte note sur notre page de wiki liée plus haut.
Vous pouvez nous contacter si vous souhaitez participer à
une session d'appels d'ici à début octobre ou si vous avez besoin
d'éclaircissements. Notre page de wiki contient des liens
supplémentaires
et une explication succincte de la
procédure
parlementaire.
Voila, c'est fait ! Le déménagement du coeur de réseau de FAImaison s'est bien passé,
grace à la motivation sans faille d'une formidable équipe de bénévoles
snifi & Caps ont dégoté une jungle de câbles d'alimentation & câbles réseau
Une grosse partie du nouveau cœur de réseau est issue de récupération/dons de matériel, grâce à Olivier, tetaneutral.net & Chre
Vinilox et CapsLock sont aventureusement allés en mission-écrous-cage, et ont triomphé du badge foireux pour pouvoir entrer dans l'ancien data-center.
Un gros merci tout spécial pour :
Les copains/copines adhérent·e·s ou non qui ont apporté des petits cœurs et/ou des € à l'occasion de ce déménagement, et à ceux qui ont même fait le déplacement
Les abonné·e·s, qui ont été bien patient·e·s pendant la coupure :-p
L'association propose que le 14 juin soit désormais un jour férié à la mémoire de Zéphyr, notre premier routeur, dont les derniers instants ont été immortalisés ci-dessous.
Tout le monde le sait, la Bottière, c'est chaud ! Depuis quelques mois, il y a
du monde aux balcons et aux cheminées qui fait tourner une desserte internet
pour le quartier, à prix libre et autogérée.
Un réseau de quartier se forme quand plusieurs habitants s'interconnectent,
souvent avec de petites antennes, ou par câble s'ils sont proches. Un des points
est équipé d'un routeur de quartier, qui est relié au cœur de l'infrastructure
internet de FAImaison en centre de données et se charge d'acheminer le trafic
vers et depuis le reste d'internet.
À la Bottière, notre routeur est grâcieusement hébergé par
ALIS 44, une association qui permet de se procurer un
ordinateur à bas prix et de se former aux usages numériques de base, en
promouvant le logiciel libre et la lutte contre l'obsolescence du matériel. À
FAImaison, nous sommes ravis d'apporter notre petite contribution à
l'émancipation des personnes du quartier via l'accès internet, pour des
personnes souvent en situation pudiquement qualifiée de « défavorisée ».
Il y a peu, nous avons réalisé une montée en débit. Alors que le quartier était
desservi via une connexion ADSL partagée avec ALIS 44, nous avons désormais
notre propre ligne VDSL. Les débits sont passés de 15 Mb/s à 25 Mb/s
(descendant) et de 0,7 Mb/s à 5 Mb/s (montant). Sans être fulgurant, c'est un
peu plus de confort et la possibilité de s'autohéberger décemment pour les
abonnés.
La ligne VDSL est fournie par Illyse, l'alter-ego de
FAImaison dans les régions lyonnaise et stéphanoise. Ceci nous garantit la
neutralité du réseau et montre l'entraide existant dans la fédération
FDN, où les capacités techniques variées des FAI
peuvent être avantageusement combinées. Un grand merci aux bénévoles d'Illyse
qui nous ont patiemment aidé à mettre en place la ligne.
Maintenant, nous espérons qu'un noyau d'utilisateurs du quartier se forme à la
gestion et la maintenance du réseau, pour aller vers une indépendance et une
autogestion pleinement locale.
Alors que des opérateurs obtiennent des monopoles pour fibrer des résidences,
étouffant ainsi certains habitants avec des tarifs à 30€ par mois minimum,
FAImaison montre ici encore que l'accès à internet doit être sans interférence,
sans surveillance injustifiée, géré avec transparence, et bien entendu
accessible à tous. Internet n'est pas une marchandise mais un bien commun et un
droit pour tous.
Vous le savez peut être déjà, mais FAImaison va déménager. Pour être plus précis, le cœur de réseau de FAImaison va déménager.
Depuis février 2016, l'association héberge ses machines dans un datacenter situé à Rezé. C'est grâce à ces machines que l'association a pu proposer de nouveaux services :
du VPN (par exemple pour les Briques Internet)
des machines virtuelles (VM)
de l'hébergement de machines des adhérents (petit ordinateur, Raspberry Pi, ...)
du réseau Wifi dans différents quartiers de Nantes (St Félix, Bottière, Médiathèque, ...)
Malheureusement, l'entreprise qui gérait le datacenter a été rachetée par une autre entreprise qui a décidé de le fermer. Cette dernière possède déjà d'autres datacenters, en France et à l'étranger, et nous a proposée de venir dans un de leurs datacenters situé à St Herblain.
Nous l'avons envisagé pendant un temps, mais les tarifs, ainsi que la distance nous ont poussés à choisir une autre entreprise.
C'est pourquoi, en juin 2017, FAImaison déménagera son cœur de réseau dans le datacenter de Cogent, situé sur l'ile de Nantes.
Néanmoins, bien que les tarifs de Cogent soient plus abordables pour nous, ils restent plus importants que les tarifs actuels, puisque nous en profitons pour augmenter notre espace en baie. Nous pourrons donc accueillir plus de machines.
Cela aura un impact sur les coûts de revient dont vous pourrez suivre l'évolution sur le site de transparence
En plus du loyer qui augmente, l'association va également devoir payer des frais d'installation d'un montant de 1550€.
Cette augmentation des coûts va fortement entamer la trésorerie de l'association. Or, nous avons besoin d'une trésorerie suffisante pour développer de nouveaux projets, payer les locations actuelles et remplacer le matériel défecteux.
C'est pour payer le coût de ce déménagement que l'association a décidé d'organiser un appel aux dons.
Si vous souhaitez aider financièrement FAImaison, vous pouvez faire un don par virement, par chèque, ou en main propres. N'hésitez pas à faire vos (promesses de) dons en envoyant un mail aux tresoriers de l'association (tresorier@faimaison.net) en indiquant le montant du don.
L'association compte déjà deux zones de fourniture d'accès internet en wifi sur Nantes (quartier Saint-Félix et quartier Bottière).
En mars 2017, c'est une troisième zone qui vient d'ouvrir quartier médiathèque.
Particularité de ce déploiement, il est pour l'instant 100% filaire. Il pourra être étendu en wifi, d'autant que la vue est excellente, notamment en direction d'une partie de l'île de Nantes.
À ce jour le nouveau réseau pèse 100Mbps, se porte bien, fait preuve d'une neutralité éclatante.
Il est promis à un bel avenir dans le quartier médiathèque.
Si vous voulez rejoindre l'aventure et co-construire votre accès internet dans ce quartier ou ailleurs, en filaire ou en wifi, n'hésitez pas à vous manifester et nous rencontrer.
Aujourd'hui à l'initiative de NetCommons, plus de 25 réseaux communautaires et fournisseurs d'accès à Internet associatifs, soutenus par des organisations du monde entier, envoient une lettre aux législateurs européens.
FAImaison est signataire de cette lettre ouverte, dont les propositions formulées à l'attention des législateurs européens sont parfaitement alignées avec les positions de l'association et plus généralement de la Fédération FDN.
Cette lettre a été envoyée à la Commission européenne, aux délégations des États-Membres ainsi qu'aux députés européens.
Nous espérons que ces institutions se montreront ouvertes à la tenue d'un débat sur les différents sujets abordés dans cette lettre.
Il s'agit en effet d'une tentative unique de rassembler les règles nécessaires à un réseau ouvert et respectueux de tous dans des termes dont les législateurs peuvent se saisir aisément.
Pour des politiques publiques favorables aux réseaux communautaires et autres fournisseurs d'accès citoyens
Préambule
Nous représentons les réseaux communautaires européens, un mouvement d'organisations qui construisent et gèrent des infrastructures de communication, parfois fédérées au niveau régional ou national. Ces réseaux, dont la plupart offrent l'accès à l'Internet mondial, sont gérés comme des biens communs. Plutôt que la recherche du profit, notre priorité est d'assurer une gouvernance démocratique, l'inclusion sociale, l'éducation, et la protection des droits humains dans le cadre de l'usage des réseaux et des technologies de communication.
Nos organisations diffèrent grandement quant à leurs tailles, le type d'infrastructures réseaux et de cultures politiques. Pourtant, malgré cette diversité, nous partageons l'objectif de construire des réseaux qui répondent aux besoins de communication des femmes et des hommes (plutôt qu'à ceux des objets et des machines), à travers des réseaux construits et gérés par nos communautés, pour nos communautés, en donnant la priorité à la capacitation locale, à l'accessibilité et à la résilience.
Aujourd'hui, nous offrons l'accès au haut débit non seulement à des dizaines de milliers de citoyens et résidents européens en ville ou en zone rurale, mais également à des organisations, notamment des petites et moyennes entreprises, des écoles, des centres de soin, des projets sociaux et culturels, et bien d'autres structures. Dans de nombreux cas, nous avons surpassé les acteurs commerciaux, en fournissant des connexions Internet à la fois moins chères et plus rapides. Grâce à nos infrastructures et nos diverses activités, nous encourageons des expérimentations scientifiques et techniques, aidons des fournisseurs d'hébergement ou de services en ligne à mutualiser les investissements et les coûts, nous encourageons l'alphabétisation et la souveraineté numériques grâce à des ateliers et autres activités d'éducation populaire.
Pourtant, en dépit de nos réussites, les décideurs publics au niveaux nationaux et européen ont jusqu'à présent négligé notre existence et nos besoins en matière de régulation. Pire, la réglementation entrave le plus souvent nos initiatives, compliquant inutilement le travail de nos participants et bénévoles. C'est pourquoi, alors que vous entamez vos travaux sur un code européen des communications électroniques, nous avons décidé de vous écrire pour vous faire part de nos idées et de nos recommandations concernant le futur du cadre juridique et politique applicable à nos activités.
1. Alléger les contraintes administratives et financières
Tout d'abord, nous vous demandons de revoir le cadre réglementaire et de l'alléger des contraintes inutiles, telles que les charges administratives et la paperasserie qui sont inutiles et illégitimes lorsqu'elles s'appliquent à des entités non marchandes. En Belgique, le coût d'inscription d'un opérateur de télécommunications à l'agence de régulation nationale est par exemple de 676€ à l'inscription, auxquels s'ajoutent les 575€ à verser chaque année (pour ceux dont le revenu est inférieur à un million d'euros, ce qui est le cas pour l'immense majorité des réseaux communautaires). Même de faibles coûts peuvent entraver le développement de petits réseaux qui connectent des dizaines de foyers. En France, en Espagne et en Allemagne, cela est gratuit, ce qui peut expliquer pourquoi les réseaux communautaires sont plus dynamiques dans ces pays. La proposition de code des communications électroniques vise à harmoniser le coût des procédures de déclaration (frais d'inscription) ainsi que les charges administratives (coûts annuels). Dans ce cadre, les législateurs européens doivent s'assurer que les coûts et charges imposés par les agences de régulation nationales sont nuls ou négligeables pour les fournisseurs d'accès Internet non marchands, et qu'elles sont raisonnables et proportionnés pour les micro et petites entreprises. Suivant la même logique, les taxes crées pour être appliquées à de grandes firmes du secteur des telecoms ne devraient pas trouver à s'appliquer aux plus petites entreprises et au secteur non marchand.
2. Abandonner la responsabilité du fait d'autrui lors du partage d'un accès Internet
Diverses lois cherchent à empêcher ou à décourager le partage d'une connexion Internet entre plusieurs utilisateurs en rendant les personnes responsables (et potentiellement juridiquement responsables) pour toutes les communications faites à travers leurs accès wifi, créant des risques juridiques pour les titulaires d'accès qui partagent leurs connexions. En Allemagne, les ayant-droits des industries culturelles ont ainsi utilisé une doctrine de « responsabilité subsidiaire » pour freiner la croissance du mouvement des réseaux communautaires. En France aussi, le loi HADOPI relative au doit d'auteur créent un important risque juridique pour les utilisateurs qui partagent leur accès au réseau à d'autres utilisateurs. Le « simple transport », principe inscrit dans le droit communautaire depuis 2000 dans la directive sur les services de la société de l'information, doit être garanti et étendu aux réseaux sans fil locaux (WLAN) offrant librement des points d'accès. De même, les clauses contractuelles des opérateurs cherchant à interdire à leurs abonnés de partager leurs connexions avec d'autres doivent être interdites. La promotion d'un droit de partager des connexions Internet est d'autant plus vitale compte tenu des crises économiques et écologiques, ainsi que de l'augmentation rapide des populations qui ne peuvent s'offrir d'accès à Internet. Dans ce contexte, le partage des connexions peut jouer un rôle essentiel en favorisant une utilisation plus équitable et durable des infrastructures de télécommunication.
3. Étendre les communs dans le spectre hertzien
Ce ne sont pas seulement les points d'accès Internet sans fil qui peuvent être partagés, mais aussi l'infrastructure immatérielle sur laquelle les signaux radios voyagent~: les fréquences hertziennes. Le Wi-Fi, en temps que portion du spectre non-soumis à licence et par conséquent géré comme un bien commun, est un atout clef pour les réseaux communautaires désirant installer des infrastructures dites de « boucle locale » abordables et flexibles. Toutefois, la quantité des bandes Wi-Fi est actuellement très limitée. Elles sont non seulement sujette à congestion dans les zones densément peuplées, mais également menacées par de nouveaux standards techniques qui utilisent la bande de fréquence dite ISM (comme le LTE-U) et nuisent à la fiabilité des communications Wi-Fi. Enfin et surtout, les bandes de fréquence existantes pour le Wi-Fi (5.6Ghz et 2.4Ghz) ont des contraintes physiques qui les empêchent d'être utilisées pour des liens radio longue distance. Face à de tels défis, une nouvelle approche des politiques des fréquences est nécessaire. Les responsables politiques devraient étendre les bandes Wi-Fi non soumises à licence. D'autres types de fréquences doivent également être rendues accessibles soit sans licence (scénario idéal) ou, si ce n'est pas possible, sur la base d'autorisation préalables abordables et flexibles. Les bandes de fréquence concernées incluent notamment les « espaces blancs » dans les fréquences basses (qui permettent des liens longue distance peu chers et résilients), tout comme les bandes 12Ghz et 60Ghz (pour lesquelles l'équipement radio est abordable et peut nous aider à mettre en place des liens radio point-à-point à bande passante élevée). Une fois rendues accessibles aux réseaux communautaires, ces fréquences faciliteront grandement le déploiement et l'expansion d'infrastructures sans fil peu chères et résistantes.
4. Mettre à jour les règles dites d'« open access » dans les infrastructures télécom
Les réseaux construits avec l'argent public doivent eux aussi être traités comme des biens communs et, de ce fait, échapper à la mainmise d'une seule entreprise. Aujourd'hui leur gestion et leur exploitation est souvent déléguée par les pouvoirs publics à des entreprises d'opérateurs réseaux. Ces délégataires adoptent le plus souvent des schémas tarifaires conçus pour les plus gros fournisseurs d'accès, et interdisent aux plus petits acteurs de s'y interconnecter pour fournir des accès aux populations qui y sont raccordées. L'accès à ces réseaux financés publiquement doit donc être garanti aux structures sans but lucratif comme les réseaux communautaires et aux petites entreprises, à un coût raisonnable et proportionnel. De même, les réseaux communautaires n'ont souvent pas accès aux infrastructures locales privées des gros opérateurs, en dépit du fait qu'elles sont souvent la seule solution pour connecter de nouveaux adhérents . En effet, dans plusieurs marchés européens, le déploiement des réseaux de fibre optique reproduit les conditions monopolistiques sur les boucles locales/circuits locaux avec des systèmes tarifaires qui empêchent les petits acteurs d'accéder à ces réseaux privés. Les responsables politiques et régulateurs doivent donc s'assurer que toutes les zones soient couvertes par au moins un opérateur télécom fournissant une offre "bitstream" accessible aux petits acteurs.
5. Protéger le logiciel libre et la liberté de l'utilisateur dans l'équipement radio.
En 2014, l'Union européenne a adopté la directive 2014/53 sur l'équipement radio. Même si la directive poursuit des buts louables, elle risque en réalité d'entraver le développement des réseaux communautaires. Les réseaux communautaires ont généralement besoin de remplacer le logiciel installé par le constructeur dans les équipements radio par du logiciel libre spécialement conçu pour répondre à leurs besoins, un processus collectif qui améliore la sécurité et encourage le recyclage du matériel, entre autres bénéfices. L'article 3.3(i) de la-dite directive crée une pression juridique sur les constructeurs d'équipements radio afin qu'ils s'assurent de la conformité du logiciel installé sur ces appareils avec le cadre réglementaire européen. Il en résulte un fort encouragement à ce que les constructeurs verrouillent leurs appareils et empêchent les modifications par des tiers sur leurs matériels. Nous demandons dès lors aux législateurs d'introduire une exception générale pour tout logiciel libre installé sur des appareils radio par les utilisateurs finaux et opérateurs (ces derniers étant responsables si leur logiciel en cas d'infraction au cadre réglementaire), afin que les droits des utilisateurs soient sauvegardés.
6. Abroger les obligations de conservation indiscriminée des données
Les réseaux communautaires s'efforcent de protéger les droits humains dans le cadre de l'exploitation des réseaux de communication, et en particulier le droit à la vie privée et la confidentialité de la communication. À ce titre, nous nous félicitons des récentes décisions de la Cour de justice de l'Union européenne selon lesquelles la conservation généralisée des données de connexion viole la Charte des droits fondamentaux. Toutefois, nous sommes très préoccupés par la volonté de plusieurs États membres de contourner ces décisions pour protéger les capacités de surveillance généralisée. Alors que les législateurs de l'Union européenne commencent à discuter de la refonte de la directive ePrivacy sur la protection de la vie privée, nous les invitons à s'opposer à toute obligation générale et indifférenciée de conservation des données, et à combler les lacunes du droit communautaire afin de s'assurer que seules des obligation de conservation limitées dans le temps et ciblant des personnes pour lesquelles existe un soupçon légitime de lien avec une infraction pénale grave, puissent être imposées aux hébergeurs et fournisseurs d'accès.
7. Apporter un soutien public direct et ciblé
D'innombrables autres politiques peuvent contribuer à soutenir le développement des réseaux communautaires et renforcer les bénéfices significatifs qu'induisent leur modèles. De telles politiques incluent notamment l'octroi de petites bourses, de financements participatifs ou de subventions pour aider nos groupes à acheter des serveurs et des équipements radio, à communiquer autour de leur initiative ; le fait de leur faciliter l'accès à des infrastructures publiques (par exemple, le toit d'un immeuble public pour installer une antenne) ; le soutien publiques à leurs recherches sur la transmission radio, les méthodes de routage, le logiciel ou le chiffrement. Comme de nombreuses collectivités locales ont pu le constater, le soutien aux réseaux communautaires est une bonne option. Alors que les législateurs de l'UE avancent sur le projet WiFi4EU, nous tenons à vous rappeler que nous avons été les pionniers de la fourniture de points d'accès publics gratuits. Nous pensons que les fonds publics investis dans cette initiative devraient avant tout s'adresser à des groupes qui poursuivent une logique vertueuse de création de groupes locaux, capables de favoriser l'autonomisation et la cohésion des communautés locales, encourager une plus grande diversité d'acteurs et donc la concurrence, et d'atteindre les mêmes objectifs politiques pour une fraction du coût facturé par les opérateurs de télécommunications traditionnels.
8. Ouvrir le processus d'élaboration des politiques publiques en matière télécom aux réseaux communautaires
Bien que nous ayons réussi à tisser des partenariats avec les municipalités et les autorités publiques locales, nous demandons aux régulateurs nationaux et européens d'accorder plus d'attention à nos activités lors de la rédaction de la réglementation. Les réseaux communautaires disposent à la fois de l'expertise et de la légitimité pour prendre pleinement part aux débats techniques et juridiques sur la politique de déploiements des réseaux télécoms, dans laquelle les FAI traditionnels et commerciaux sont surreprésentés. Les réseaux communautaires peuvent apporter une vision éclairée à ces débats, et permettre un processus d'élaboration des politiques publiques plus adaptées à l'intérêt général.
Vous remerciant pour votre attention, nous sommes impatient de pouvoir discuter plus avant avec vous des ces importants sujets.
Cette lettre a déjà été envoyée, mais si vous êtes voulez la soutenir et participer aux prochains points, vous pouvez envoyer votre signature à advocacy@netcommons.eu.
Ce dimanche, vers 20h, la cantine numérique de Nantes a été entièrement détruite par un incendie.
La cantine, c'est un lieu accueillant de nombreuses entreprises et startups mais pas seulement.
C'est aussi un lieu qui accueille des associations comme la notre pour que des événements puissent y avoir lieu.
Ce fut le cas la veille de l'incendie avec le café vie privée que nous avons organisé.
La cantine nous a permis d'échanger autour de la vie privée à l'ère numérique avec environ 20 personnes. Nous avons passé un bon après-midi à la cantine et nous sommes très triste de voir ce lieu détruit.
Nous apportons tout notre soutien à Atlantic 2 et nous espérons que l'aventure continue après ça.
Gozdata est une association à but non lucratif basée à Rennes. Elle a pour but
la reprise de contrôle de ses données sur Internet. Depuis le 14 juillet
2016, un de ses deux serveurs est fièrement hébergé à Rezé, par FAImaison.
Dans ce sens, gozdata propose à travers gozmail
d'héberger votre boite mail personelle ou vos listes de diffusion
(perso, associatives…). Est aussi proposé l’hébergement de
blogs basé sur wordpress. Ces services sont accessibles à
tout le monde, aucune compétence technique n’est requise.
Les buts sont très proches de ceux de FAImaison : il s’agit d’une
reprise de contrôle de sa vie numérique. Ce n’est que l’angle d’attaque
qui est différent : FAImaison propose des tuyaux Internet et de l'hébergement
de serveurs là où gozdata propose des
services Internet « clef en main ». Les deux associations sont donc très
complémentaires.
D’ailleurs, gozdata est également hébergé dans la baie de
grifon, l’équivalent rennais de FAImaison.
Dans une démarche très similaire, nous retrouvons
framasoft et son initiative des
CHATONS. Ainsi, cela permet à FAImaison de contribuer
encore un peu plus à un Internet ouvert et a-centré.
Aussi, dans la lignée du bio dans le milieu alimentaire, gozdata ne travaille
qu’avec des logiciels libres et ne revend pas vos données, ni à des
publicitaires ni à qui que ce soit. Par contre, il faut quand même que
l’association vive, ainsi une adhésion à partir de 9 € par ans (soit moins d’un
euro par mois) est recommandée.
Comme nous faisons dans le local, il est possible de rencontrer l’équipe de
gozmail tous les premiers mardis du mois au pub du Westport’inn à Rennes. Même
si les services sont sur Internet, rien ne vaut une vraie rencontre et une bonne
bière. Il est également possible de prendre contact en envoyant un mail à
admin@gozmail.bzh.