Réseaux communautaires et FAIs associatifs : retour sur la conférence

Publié le lundi 28 avril 2014.

Mercredi 23 avril à Epitech s'est déroulé le troisième évènement de notre cycle en partenariat avec la Maison de l'Europe.

Plusieurs intervenants nous y ont présenté des initiatives européennes diverses auxquelles ils contribuent et qui proposent des accès à internet respectueux des libertés fondamentales.

Nous remercions chaleureusement les intervenants pour leur participation ! Retour sur quelques points marquants de cet évènement.

Téléchargement : vidéos, interviews et supports de présentation

Vidéos, supports de présentation et informations supplémentaires

Les supports sont au format PDF, en français et en anglais. Un fichier vidéo par intervention est disponible.

Nous recommandons de télécharger l'ensemble en pair à pair via BitTorrent. Sinon, chaque fichier individuel peut être obtenu en téléchargement direct :

Interview

Marc Dilasser a été interviewé par Yaiza Martín pour Euradio Nantes à la suite de la conférence : à écouter ici.

Points à retenir des interventions

Buts similaires, priorités et moyens très différents

Chaque initiative partage l'idée de démocratiser un accès à internet respectueux des citoyens. Les priorités et les moyens varient par contre fortement selon les situations locales.

Le rôle principal du Net du Kermeur est l'apport de haut débit en zone non desservie grâce à des équipements de transmission sans fil constituant un réseau local. Ce réseau a été interconnecté en 2005 à internet par une connexion satellite, remplacée en 2006 par du SDSL puis par une fibre optique en 2013 pour améliorer le débit. Une des motivations principales est l'activité économique : les exploitants agricoles ont besoin de connexions décentes pour leur travail.

Freifunk Chemnitz ne connecte pas les utilisateurs à internet mais les relie entre eux au sein d'un réseau séparé. L'accent est mis sur le développement participatif et la facilité d'installation, ce qui permet d'étendre le réseau même en zones considérées non rentables par les FAIs. Freifunk utilise pour cela également des technologies sans fil, en reliant des points d'accès en topologie maillée. Les utilisateurs des points d'accès peuvent se connecter à des ressources sur internet grâce à la présence de passerelles mais ils ne peuvent utiliser cet accès pour mettre à disposition des contenus ou services sur le réseau public. Une telle mise à disposition n'est accessible que depuis l'intérieur du réseau communautaire.

FAImaison n'a pas d'infrastructure propre et n'opère pour l'instant qu'en zone déjà desservie par l'ADSL. Son rôle principal est donc d'être un FAI digne de confiance et partageant la connaissance. L'association travaille à la création de son infrastructure, également avec du matériel sans fil. Similairement, Grifon étudie les possibilités pour fournir de l'ADSL et/ou créer une infrastructure sans fil.

Des capacités de démocratisation inégales

Plusieurs critères sont censés être pris en compte par ces initiatives : neutralité du réseau, tarifs accessibles, débit décent, gestion participative et fourniture d'adresses IPv4 et IPv6 publiques.

La neutralité et la gestion participative se retrouvent dans chaque initiative. Le débit et les tarifs sont inégaux du fait de contraintes financières et techniques disparates, mais toutes font de leur mieux pour les améliorer.

Par exemple, FAImaison comme le Net du Kermeur et les autres FAIs de la Fédération FDN doivent s'acquitter de frais inhérents à l'interconnexion avec internet : collecte ADSL, fibre, connexion satellite, ...

En conséquent, un ADSL FAImaison revient à un total mensuel de 29 à 47€ ; le Net du Kermeur facture 30€. À l'opposé, les points d'accès de Freifunk sont gratuits et la mise en place de passerelles vers internet relève de l'initiative personnelle. La création d'une infrastructure propre fait partie des pistes de FAImaison pour réduire les tarifs.

Contrairement aux autres initiatives présentées, Freifunk Chemnitz fournit des adresses IP qui ne sont joignables qu'à l'intérieur de leur réseau et non depuis internet. Ceci leur évite des contraintes techniques, administratives et financières et facilite la possibilité de fournir gratuitement les accès, mais limite l'interaction des utilisateurs avec internet. Une des justifications de cette approche est qu'une adresse IP sur internet est trop facilement associée à l'identité d'une personne, et l'un des objectifs pour Freifunk Chemnitz est la protection de l'anonymat.

L'influence des lois et des politiques publiques

Il est clairement apparu que le cadre légal et les politiques publiques influencent le développement des initiatives.

En Allemagne, les réseaux alternatifs se sont heurtés dans le passé à une loi fédérale anti-terroriste (assouplie par la suite). Freifunk a été contraint de s'enregistrer en tant qu'association pour éviter l'assimilation de leur réseau à une activité « terroriste ».

En France, devenir FAI ne nécessite qu'une déclaration gratuite auprès de l'ARCEP. En comparaison, l'IBPT belge impose des frais de 300€ par an aux opérateurs associatifs. L'idée d'une harmonisation européenne suivant l'exemple français sur ce point pour faciliter la création de petits opérateurs a conséquemment été évoquée.

Toujours en France, l'accès des petits fournisseurs à la fibre optique est par contre problématique : certaines entreprises sélectionnées par les collectivités locales pour installer et mettre à disposition le réseau fibré ont négocié des clauses excluant de fait les petits opérateurs éthiquement engagés.

La collaboration avec d'autres structures indispensable

Toutes les initiatives reposent sur des collaborations avec des structures locales, qu'elles soient publiques ou privées.

FAImaison a commencé son activité grâce à French Data Network (FDN), dont les lignes sont revendues avec une faible marge devant à terme permettre de rompre cette dépendance. À Nantes, l'association est membre de Bellamy 17, grâce à qui elle peut se réunir depuis plusieurs années dans de bonnes conditions.

Le Net du Kermeur est porté par le Comité des fêtes du Kermeur, et la Datar a financé la mise en place initiale réalisée par l'entreprise toulousaine Alsatis. Des collaborations locales ont permis l'utilisation de machines pour l'accès aux toits lors de la pose d'antennes.

Freifunk Chemnitz propose aux cafés souhaitant offrir un accès sans fil à leurs clients de payer l'association pour l'installation et l'utilisation d'un point d'accès. Les cafés évitent un ainsi le service doublement (et abusivement) payant (pour le café et pour les clients) d'autres opérateurs comme Deutsche Telekom, et l'association engrange des moyens pour se développer.

Retour sur l'organisation de l'évènement

Une somme impressionnante d'efforts individuels

L'organisation de cet évènement a vu une convergence d'investissements d'une nouvelle ampleur pour FAImaison.

La communication a mobilisé beaucoup d'énergie : écriture de billets, communiqué de presse et invitation officielle, impression et collage d'affiches, distribution de flyers et envoi de courriers électroniques.

La logistique a aussi demandé une multitude de participations : prêt d'un véhicule par un membre, aller-retour à Paris pour Christian, mise à disposition de serveurs pour la diffusion vidéo, régie pendant l'évènement, mise à disposition des supports de présentation en deux langues et... Nombreux gâteaux et tartes !

La coordination sans accroc de ces efforts marque l'amélioration de notre organisation, une augmentation de notre cohésion, et est aidée par l'archivage progressif des informations sur notre wiki.

La participation d'autres personnes et structures est aussi enthousiasmante : trois intervenants extérieurs, participation de l'Université technologique de Chemnitz, aide de Parisiens pour l'accueil de Christian, venue de membres de Grifon, conception bénévole de nos affiches et bien sûr coups de pouce d'Epitech et de la Maison de l'Europe.

Fréquentation un peu faible mais public jeune et intéressé

Il y avait environ quarante personnes alors que nous espérions dépasser cinquante. Nous avons été surpris, au vu des efforts de communication déployés.

En cherchant des explications, nous avons évoqué le sujet peut-être trop technique, la pluie dans la demi-heure précédent le démarrage, la localisation légèrement excentrée et la possible connotation technicienne du lieu renforçant l'impression d'une conférence difficile d'accès pour le grand public.

Cela n'a pas empêché d'intéressantes questions d'être posées par un public composé majoritairement d'étudiants et de jeunes diplômés.

Les discussions autour de nos fameux gâteaux ont été plus denses que les fois précédentes, permettant d'enthousiasmants échanges dans plusieurs langues.

Une soixantaine de personnes ont suivi la vidéo en ligne, ce que nous trouvons également plutôt faible.

Évènement coûteux mais frais répartis

Similairement aux conférences précédentes, nous avons récolté environ 55€ de dons. Des membres ont porté ce montant à 80€.

L'aller-retour Paris-Chemnitz de Christian, à 198€, a été financé par l'Université technologique de Chemnitz. Sa venue jusqu'à Nantes a été prise en charge par des membres, pour une centaine d'euros. Son retour à Paris a coûté à FAImaison 64€. Marc a été indemnisé par FAImaison à hauteur de 50€.

Epitech a hébergé gratuitement la conférence : merci à eux !

À plus de 400€, cet évènement était le plus coûteux et ambitieux de notre cycle. La répartition des frais et les dons réduisent toutefois son coût final pour FAImaison à 34€.

Quelques adresses à retenir